Les ombres de Schubert

Les soirées Wolf sont bien connues, souvent éditées, mais s’il faut passer sur une bizarrerie de l’édition qui groupe les lieder par auteur et fait voyager entre trois concerts et d’un pianiste (Furtwängler) l’autre (Moore), la restitution des bandes originales fait entendre toute la variété du timbre de Schwarzkopf et de son inspiration.

Elle s’y surveille moins qu’au studio, colore plus librement et dans le mouvement ose des choses qui révèlent à quel point elle est chez elle dans la lyrique tortueuse de Wolf. Avec Furtwängler un Anakreons Grab où passe un soupir de regret, avec Moore un Ganymed sensuel, mystérieux et impérieux soudain dans l’envol, et c’est juste pour citer deux merveilles conquises dans une liberté supplémentaire, et qui voudrait d’ailleurs se passer d’une seule note de Wolf avec Schwarzkopf ?

Pourtant, la pure merveille de ce petit coffret infiniment précieux est tout entière enclose dans son troisième disque. Soirée du 13 août 1960, qu’on ne trouvera pas éditée ailleurs, Schwarzkopf et Moore font tout un concert Schubert, l’ouvrant par la rare aria italienne de la Didone abbandonata de Metastase, et créant à sa suite une dramaturgie alternant le sombre (et avec des effets de sfumato entre voix et piano, toute une lyrique de nuit trouble) et le plus simplement nostalgique (jusque dans Seligkeit), l’ensemble culminant dans une Gretchen am Spinnrade fait comme une plainte et que le public, médusé, applaudit avec recueillement. Moore pourra reprendre, caressant le battement d’aile qui ouvre Du bist die Ruh que Schwarzkopf fait venir de si loin dans sa voix.

Ses plus beaux Schubert ? Ah oui !, intimes, tragiques, touchants, musique d’un autre monde où elle nous conduit en somnambule. Sublime. Et merci à Rémy Louis de nous avoir rappelé cela.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
An die Musik, D. 547
An mein Klavier, D. 342
An Sylvia, D. 891
Auf dem Wasser zu singen, D. 774
Das Lied im Grünen, D. 917
Der Einsame, D. 800
Die Liebe hat gelogen, D. 751
Die Vogel, D. 691
Du bist die Ruh, D. 776
Fischerweise, D. 881
Ganymed, D. 544
Gretchen am Spinnrade, D. 118
Heidenröslein, D. 257
Liebe schwärmt auf allen Wegen, D. 239/6
Nähe des Geliebten, D. 162
Rosamunde, D. 797 (extrait : Romance „Der Vollmond Strahlt auf Bergeshöh’n“)
Seligkeit, D. 433
Vedi quanto adoro (Didone abbandonata), D. 510A
Wandrers Nachtlied I, D. 224
Wiegenlied, D. 498

Hugo Wolf (1860-1903)
An den Schlaf (No. 29 extrait de : Mörike-Lieder)
Anakreons Grab (No. 29 extrait de : Goethe-Lieder)
Bedeckt mich mit Blumen (No. 26 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Blumengruss (No. 24 extrait de : Goethe-Lieder)
Das Köhlerweib ist trunken
Der Genesene an die Hoffnung (No. 1 extrait de : Mörike-Lieder)
Der Knabe und das Immlein (No. 2 extrait de : Mörike-Lieder)
Der Schäfer (No. 22 extrait de : Goethe-Lieder)
Die Bekehrte (No. 27 extrait de : Goethe-Lieder)
Die Spröde (No. 26 extrait de : Goethe-Lieder)
Die Zigeunerin (No. 7 extrait de : Eichendorff-Lieder)
Du Milchjunger Knabe
Du sagst mir, dass ich keine Fürstin sei
Ein Stündlein wohl vor Tag (No. 3 extrait de : Mörike-Lieder)
Elfenlied (No. 16 extrait de : Mörike-Lieder)
Epiphanias (No. 19 extrait de : Goethe-Lieder)
Frühling übers Jahr (No. 28 extrait de : Goethe-Lieder)
Ganymed (No. 50 extrait de : Goethe-Lieder)
Gebet; Nun lass uns Frieden schliessen
Geh’ Geliebter, geh’ jetzt (No. 34 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Herr, was trägt der Boden hier (extrait de : Spanisches Liederbuch)
Ich esse nun mein Brot nicht trocken mehr
Ich hab in Penna einen Liebsten (No. 46 extrait de : Italienisches Liederbuch)
Im Frühling (No. 13 extrait de : Mörike-Lieder)
In der Frühe (No. 24 extrait de : Mörike-Lieder)
Klinge, klinge, mein Pandero (No. 1 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Lebe wohl (No. 36 extrait de : Mörike-Lieder)
Lied vom Winde
Mausfallen-Sprüchlein (extrait de : Lieder für eine Frauenstimme)
Mein Liebster hat zu Tische mich geladen (No. 25 extrait de : Italienisches Liederbuch)
Mögen alle bösen Zungen (No. 13 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Mühvoll komm ich und beladen (No. 7 extrait de : Spanisches Liederbuch: Geistliche Lieder)
Nachtzauber (No. 8 extrait de : Eichendorff-Lieder)
Nein, junger Herr, so treibt man’s nicht, fürwahr (No. 12 extrait de : Italienisches Liederbuch)
Nimmersatte Liebe (No. 9 extrait de : Mörike-Lieder)
O wär dein Haus durchsichtig wie ein Glas
Phänomen (No. 32 extrait de : Goethe-Lieder)
Philine (No. 8 extrait de : Goethe-Lieder)
Schlafendes Jesuskind (No. 25 extrait de : Mörike-Lieder)
Schweig’ einmal still (No. 43 extrait de : Italienisches Liederbuch)
Selbstgeständnis (No. 52 extrait de : Mörike-Lieder)
Sie blasen zum Abmarsch (No. 28 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Singt mein Schatz wie ein Fink
Storchenbotschaft (No. 48 extrait de : Mörike-Lieder)
Trau nicht der Liebe (No. 67 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Tretet ein, hoher Krieger
Verschling der Abgrund meines Liebsten Hütte
Wandl’ ich in dem Morgentau
Was soll der Zorn, mein Schatz, der dich erhitzt?(No. 32 extrait de : Italienisches Liederbuch)
Wehe Der, Die Mir Verstrickte
Wer rief dich denn? Wer hat dich herbestellt?
Wer tat deinem Füßlein weh? (No. 30 extrait de : Spanisches Liederbuch: Weltliche Lieder)
Wie Glanzet der Helle Mond
Wie lange schon war immer mein Verlangen (No. 11 extrait de : Italienisches Liederbuch)

Elisabeth Schwarzkopf, soprano
Wilhelm Furtwängler, piano
Gerald Moore, piano

Un coffret de 3 CD du label Orfeo C826103D
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Photo à la une : la soprano Elisabeth Schwarzkopf – Photo : © Nationaal Archief