Furia

La 9e de Beethoven ? Furtwängler ! Ce fut longtemps ma réponse jusqu’à ce que, fouillant dans les bacs d’un disquaire de la Rue Sainte-Anne, spécialisé dans les imports japonais, je ne tombe sur toute une série de microsillons dédiés à un chef d’orchestre qui n’était qu’un nom. J’avais seize ans, je venais de découvrir une stupéfiante 9e Symphonie de Beethoven que je rangeais illico aux côtés de l’album de l’ouverture du Festival de Bayreuth.

Immédiatement, j’avais compris qu’Hermann Abendroth était l’alter-ego de Furtwängler, un artiste incendiaire, d’une puissance suggestive inouïe. Une grande série sur France Musique, conçue par Georges Zeisel dans la nuit où sa voix somnifère ne me décourageait pas d’être toujours présent devant mon poste m’aura fait découvrir tant de merveilles dans l’art de ce chef inouï à qui l’on doit aussi une version géniale des Meistersinger.

Mais l’incipit de ma passion pour l’art d’Hermann Abendroth fut cette fulgurante Neuvième Symphonie, flamboyante, exaltée, d’une folle intensité. La retrouver si bien rééditée, enfin reprise des bandes originales quel cadeau ! Un bonheur n’arrivant jamais seul, Hänssler/Profil édite un coffret de 10 CDs regroupant dans des remasterings soignés des symphonies de Bruckner (Nos. 4, 5, 7, 9), Brahms (Nos. 1 et 3) et Beethoven (Eroica, Pastorale, 7e et une autre 9e, celle du 20 janvier 1950 à Berlin).

Tout y est assez impérissable, au rayon Brahms, une Ouverture tragique avec le Gewandhaus, une Troisième Symphonie avec la Philharmonie Tchèque, l’ensemble Bruckner, exalté, enivré avec l’Orchestre de la Radio de Leipzig, chez Beethoven le concert avec le Philarmonique de Varsovie (Eroica et 7e), une Pastorale inouïe de caractérisation avec le Gewandhaus le 12 mars 1945, et la célèbre captation du Concerto pour violon que David Oistrakh désignait comme l’un de ses deux meilleurs enregistrements de l’œuvre (l’autre étant le studio dirigé par André Cluytens, justement mémorable).

A petit prix, l’introduction rêvée à l’art d’un des génies de la direction d’orchestre germaniques du XXe siècle, qui aura trop longtemps attendu son entrée au Panthéon, sort hélas partagé par tant d’autres demeurés du « mauvais » côté du rideau de fer, comme Suitner ou Kegel pour ne citer que ces deux-là.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »

Edith Laux, soprano
Diana Eustrati, mezzo-soprano
Ludwig Suthaus, ténor
Karl Paul, basse
Rundfunkchor Leipzig
Universitätchor Leipzig
Rundfunk-Sinfonie-Orchester Leipzig
Hermann Abendroth, direction
Un album du label Berlin Classics 0301496BC
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Hermann Abendroth
The Great Orchestral Works

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 4 en mi bémol majeur, WAB 104 « Romantique »*
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, WAB 105*
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107**
Symphonie No. 9 en ré mineur, WAB 109*
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68*
Variations sur un thème de Joseph Haydn, Op. 56a*
Ouverture tragique, Op. 81***
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Romance pour violon et orchestre en sol majeur, Op. 40**
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61**
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 « Eroica »§§
Symphonie No. 6 en fa majeur, Op. 68 « Pastorale »***
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92§§
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »**
Tilla Briem, soprano – Diana Eustrati, mezzo-soprano – Ludwig Suthaus, tenor – Karl Paul, basse – Konzertchor der Staatsoper Berlin

David Oistrakh, violon
*Rundfunk-Sinfonie-Orchester Leipzig
**Rundfunk-Sinfonie-Orchester Berlin
***Gewandhausorchester Leipzig
Orchestre Philharmonique Tchèque
§§Orchestre Philharmonique de Varsovie
Hermann Abendroth, direction
Enregistrements de 1945 à 1956

Un album du label Hänssler/Profil PH19000
Acheter l’album sur le site du label Hänssler/Profil, sur le site www.uvmdistribution.com ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album sur Qobuz.com

Photo à la une : le chef Hermann Abendroth – Photo : © DR