Concerto de jeune homme

Paris, 1925, Alexandre Tansman écrit son Premier Concerto pour piano, œuvre jubilatoire pleine de rythmes se souvenant des Tatras, les épiçant d’un peu de jazz, dans un Intermezzo et un Finale irrésistible, où semblent s’ébrouer des soleils.

Le jeune homme était pris dans le tourbillon des années folles, fréquentait Ravel et Stravinski, il formait alors sa langue si singulière, impertinente, d’une irrésistible suractivité, mais qui sait aussi développer des atmosphères immobiles, d’une poésie hors du temps, écoutez seulement le Lento, pastorale nocturne où des trilles en forme de papillons s’envolent. L’œuvre est d’une beauté solaire, si émouvante que je me demande bien pourquoi elle n’a toujours pas retrouvé le chemin des salles de concert. La jeune Julia Kociuban lui donne toutes ses chances, jeu fusant, clavier clair qui sait flotter au dessus de l’orchestre.

Quel contraste lorsque paraît le grand Concerto que Grażyna Bacewicz écrivit en 1949 pour le concours édicté à l’occasion des célébrations du centenaire de la mort de Frédéric Chopin. Il n’y eut pas de Premier Prix, mais elle remporta le Second.

Elle si habile, si inspirée par le violon au long d’une série de concertos géniaux, semble bien moins heureuse avec le clavier, son inspiration mélodique s’y banalise, surtout en regard de l’invention si insouciante du jeune Alexandre Tansman vingt ans plus tôt. Mais le Finale, ressourcée au folklore des Tatras offre du moins des élancées, une verdeur, un motorisme où le piano exulte.

Pourtant deux minutes du Premier Concerto de Tansman suffisent à savoir où est l’inspiration.

LE DISQUE DU JOUR

Alexandre Tansman
(1897-1986)
Concerto pour piano et orchestre No. 1
Grażyna Bacewicz
(1909-1969)
Concerto pour piano et orchestre

Julia Kociuban, piano
Orchestre Philharmonique Arthur Rubinstein
Paweł Przytocki, direction

Un album du label DUX Records 1612
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Photo à la une : la pianiste Julia Kociuban – Photo : © DR