L’élève et le maître

Dans leur anthologie restée inachevée du quatuor de la Seconde Ecole de Vienne pour Orfeo, les Artis jouèrent les provocateurs en couplant le quatuor « de jeunesse » que Schoenberg écrivit en 1897, tout entier embaumé par les paysages brahmsiens, avec cette musique venue d’une autre planète qu’est le Deuxième Quatuor que Zemlinsky envoya à son mentor en 1915, suscitant son enthousiasme : c’était faire entendre le disciple plus moderniste que le maître, mais surtout expliquer mieux que bien des théories à quel point l’interaction entre les musiciens de la Vienne d’alors concourrait de concert à la modernité.

A Zemlinsky, il fallait ajouter Karl Weigl, qui en quelque sorte tenait ensemble les deux extrémités de cette aventure, ce que les Artis firent.

Aussi formidable que soit leur lecture du Quatuor quasi sérénade de Schoenberg, pleine de subtilité – écoutez seulement la finesse de leur jeu dans la musique délicieusement ivre de l’Intermezzo où le compositeur se souvient de la Sérénade italienne d’Hugo Wolf – c’est pourtant leur lecture éclairée, très viennoise, jusque dans leur façon de préférer chanter que dire, de l’Opus 15 de Zemlinsky qui subjugue. Ils y apportent un éclairage radicalement différent de celui, cru, âpre, symphonique, qu’y osèrent les LaSalle. Ici, c’est Vienne qui porte le masque du nouveau siècle, sans renoncer à ses plaisirs, à cette ivresse du son qui vient dorer les audaces les plus radicales.

LE DISQUE DU JOUR

Alexander von Zemlinsky
(1871-1942)
Quatuor à cordes No. 2 en ré mineur, Op. 15
Arnold Schönberg
(1874-1951)
Quatuor à cordes en ré majeur (1897)

Quatuor Artis

Un album du label Orfeo C194901A
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Photo à la une : le Quatuor à cordes Artis – Photo : © DR