Le virtuose et le poète

L’archet arachnéen de Vilde Frang pique les folies diaboliques de Paganini avec une désinvolture éclatante, je ne m’attendais pas à moins, mais la classe, l’élégance – non sans une petite dose de soufre parfois – qu’elle met aussi bien aux variations pyrotechniques sur les airs de Paisiello ou de Rossini qu’au grand numéro d’Ernst sur Le Roi des aulnes de Schubert, me sidère.

Pourtant, ce disque ne serait rien s’il demeurait dans ce répertoire, rien d’autre en tous cas que celui d’une virtuose diablesse. Mais voilà, au centre, la Fantaisie de Schubert, commencée dans un archet qui semble fait de l’étoffe des songes, va dévoiler tout son univers un peu fantasque, dans des lumières cendrées ou dorées, convoquant tout un univers poétique où le piano adamantin de Michail Lifits rivalise de finesse et d’audace. Ah !, comme ces deux-là se répondent, dansent, s’écoutent et chantent l’un dans l’autre pour ainsi dire.

Opus magique joué dans une transcendance que l’œuvre pourtant si courue (et bien courue !) au disque n’avait peut-être pas connue. Ecoutez seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Niccolo Paganini
(1782-1840)
Capriccio sur “Nel cor più non mi sento” en sol majeur,
Op. 38, MS 44

I palpiti, Op. 13, MS 77
Cantabile en ré majeur,
Op. 17, MS 109

Franz Schubert (1797-1828)
Fantaisie en ut majeur,
Op. 159, D. 934

Rondo brillant en si mineur, Op. 70, D. 895
Franz Liszt (1811-1886)
9 Soirées de Vienne (d’après Schubert), S. 427 (extrait : VI. Allegro con strepito, arr. David Oistrakh)
Heinrich Wilhelm Ernst (1812-1865)
Grand Caprice, Op. 26 (d’après “Der Erlkönig, D. 328” de Schubert)

Vilde Frang, violon
Michail Lifits, piano

Un album du label Warner Classics 0190295419363
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Photo à la une : la violoniste Vilde Frang – Photo : © Marco Borggreve