Quintettes du Danube

Le Quintette de Bartók a enfin de la chance au disque. Tout juste hier, Vilde Frang et ses amis lui offraient une lecture tempétueuse, Piers Lane et les Goldner le replacent plus aisément dans la filiation brahmsienne, adoucissant les hungarismes, donnant aux harmonies une tonalité dorée plutôt nouvelle Vienne.

Feraient-ils l’œuvre trop belle ? En tous cas, j’écoute fasciné ces jeux de timbres savamment composés, ces danses suggérées, l’étoffe plus soie que velours de cet ensemble qui prend la lumière dans une œuvre si volontiers sombre. Mais les cinq amis savent aussi que Bartók flirte ici avec les audaces de la Vienne nouvelle, la sensualité des archets évoquent parfois le monde de Joseph Marx.

Le couplage avec le grand Quintette de pure fantaisie qu’Erich Wolfgang Korngold composa en 1923 (soit vingt ans après celui de Bartók) après le succès remporté par Die tote Stadt semblait une évidence, mais les deux œuvres regardent dans des directions contraires, Bartók imaginant un nouveau monde alors même qu’il est encore immergé dans Brahms, Korngold jouant les équilibristes entre un monde de fantaisie et des instants abyssaux.

De cette ambivalence, Piers Lane et les Goldner rendent compte avec un brio certain, rendant justice à une œuvre qui se sera entendue jusque-là pour échapper à ses interprètes.

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)
Quintette avec piano en ut majeur, Sz. 23, BB 33
Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)
Quintette avec piano en mi majeur, Op. 15

Piers Lane, piano
Quatuor Goldner, direction

Un album du label Hypérion CDA68290
Acheter l’album sur le site du label Hypérion, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : © DR