Lully ou l’ardeur

Stupéfiant, le grand geste qui ouvre le Dies Irae : c’est comme si Bossuet prêchait sa langue de feu dans la musique de Lully. L’élan et la ferveur dévastatrice que lui imprime Leonardo García Alarcón en change résolument l’aspect, emportant tout dans une furia où les chœurs mordent, où les solistes prient et luttent, supplient et protestent. Quel théâtre d’église, incandescent, déverse ici ses musiques somptueuses.

Le programme se compose d’évidence : stupeur d’abord, celle du Jugement, puis on verse aux Enfers avec un De Profundis où les ombres sculptent leurs chants, introduits par une sombre fanfare qui dévoile un Styx de sons où Alain Buet déclame sa supplique, entraînant une déploration étreignante.

Troisième volet de ce disque miraculeux, une renaissance, le brillant Te Deum que Lully fit résonner pour la naissance de son fils, portés sur les fonts baptismaux par le Roi et la Reine : les ombres se sont enfui, un vaste soleil illumine les voix et les instruments, décidément notre Grand Siècle va comme un gant au chef argentin et sa nombreuse bande : qu’ils n’en restent pas là, mais poursuivent chez Lully, Delalande, Mondonville, apportant le sang neuf, les sons nouveaux que ces textes fulgurants espèrent.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Baptiste Lully
(1632-1687)
Dies irae, LWV 64/1
De profundis, LWV 62
Te Deum, LWV 55

Sophie Junker, soprano
Judith van Wanroij, mezzo-soprano
Matthias Vidal, ténor
Cyril Auvity, ténor
Thibaut Lenaerts, tenor
Alain Buet, baryton
Chœur de Chambre de Namur
Millenium Orchestra
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón, direction

Un album du label Alpha 444
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Photo à la une : le chef d’orchestre Leonardo Garcia Alarcon – Photo : © DR