Incendie

Ils n’auront jamais chanté Tristan et Isolde en scène, mais quelle idée de génie eut William Steinberg de les réunir au concert pour le seul deuxième acte le 21 avril 1972 à Boston !

Lui c’est James King, un Siegmund déjà, un Lohengrin, un Parsifal, en l’entendant si vaillant, si intense, phrasant large et sombre, on rêverait aussi de l’entendre dans les hallucinations du troisième acte. Elle c’est Eileen Farrell, voix somptueuse plutôt versée dans les grands spintos italiens (et pas seulement dans la Médée de Cherubini où elle fut la seule à pouvoir se comparer à Callas), qui littéralement prend feu quitte à s’éviter les aigus à la volée de l’acmé du duo : peu importe cette Isolde sublimement chantée vous hantera.

Entre ce couple parfait un autre miracle, la Brangäne de Nell Rankin, mezzo géniale qui déploie son velours – ses appels sont inouïs – et dont il faudrait réévaluer la place au firmament lyrique. Excellent Roi Marke (Robert Hale), comprimari stylés, et dans cette nuit d’étoiles aux diaprures schönbergiennes, William Steinberg réglant les éclairages, déplaçant sa caméra, cinéaste des sons génial qui signe là un des sommets de son art.

LE DISQUE DU JOUR

Richard Wagner (1813-1883)
Tristan und Isole, WWV 90, Acte II

James King, ténor (Tristan)
Eileen Farrell, soprano (Isolde)
Nell Rankin, mezzo-soprano (Brangäne)
Robert Hale, baryton-basse (König Marke)
John Davies, baryton-basse (Kurwenal)
Dean Wilder, ténor (Melot)
Boston Symphony Orchestra
William Steinberg, direction
Enregistré à Boston le 21 avril 1972

Un album du label St-Laurent Studio YSL T-544
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Photo à la une : le chef d’orchestre William Steinberg – Photo : © DR