Seul

Tant de Winterreise, et au fond, un m’aura suffit longtemps, celui, tardif, de Hans Hotter et Erik Werba. Il y avait là un son comme revenu de tout. Le revoici enfin, non que Peter Mattei soit comme Hotter ce Wotan, mais par le timbre, par le poids dans le mot qu’allège la ligne tenue, élancée, par le récit, une proximité paraît.

Serait-il lui aussi de la race des prophètes ? En tous cas, il ne s’y trompe pas, Winterreise est un récit métaphysique, une mystique, on y commence en marchant, on y finit vieillard à la lyre, et nu, c’est l’hiver qui gagne.

De ce voyage vers le dépouillement consenti, Peter Mattei dit tout avec cette terrible douceur qui peut être le pire des poisons mais aussi une bénédiction par l’onction du timbre, l’élégance jusque dans le cri de douleur, une incarnation.

Il faut dire qu’il a pour lui un pianiste simplement génial, aussi poète qu’il l’est par nature, et sans la volonté d’être autre chose qu’une voix lui aussi, duo parfait que savaient faire justement Hotter et Werba. Au seuil d’un hiver qui promet d’être riche en Voyages (d’hiver) – j’en ai quatre autres devant moi –, une évidence.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Winterreise, D. 911

Peter Mattei, baryton
Lars David Nilsson, piano

Un album du label BIS Records 2444
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Photo à la une : le baryton suédois Peter Mattei – Photo : © Håkan Flank