Le jour et la nuit

Brillant, le Concerto en sol ? Du Mozart oui ! François Dumont le joue avec une simplicité déconcertante, sans les effets et le motorisme que tant y mettent, éclairant les mouvements extrêmes sans les brusquer, chantant avec une pudeur qui est bien le secret de Ravel, et ce sens de demi-caractère préfèrant l’allusion à l’appui.

Leonard Slatkin lui fait un orchestre fauve de couleurs, et félin de rythmes, quelque chose de très souple où tout peut chanter : même le grand récitatif de l’Allegramente, avec ses ponctuations jazzies, s’octroient des parts de rêve. L’Adagio est un modèle, intemporel et tendre, avec cette ligne de chant qui se réalise dans le più piano, et comme cette sonorité de clavier est belle, profonde, modelée, si pleine, si mélodieuse.

La sonorité naturellement ombrée de Dumont s’accorde avec les teintes de ténèbres du Concerto pour la main gauche auquel il refuse tout expressionisme, le jouant implacable et quasi-classique, dans la battue presque froide de Slatkin : c’est dans cette simplicité fluide que l’essence sinistre de l’œuvre prend tout son sens, et le contraste avec les cadences étoilées, aux sonorités magiques, où le pianiste crée un autre univers, est d’autant plus saisissant.

Doublé impeccable qu’assaisonne entre les deux opus un Tzigane abrasé par l’archet virulent de Jennifer Gilbert, et qui me donne envie de réécouter tout le piano de Ravel comme François Dumont l’avait enregistré voici quelques années (Piano Classics).

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur,
M. 83

Concerto pour piano et orchestre en ré majeur,
M. 82 « Concerto pour la main gauche »

Tzigane, M. 76 (version pour orchestre)

François Dumont, piano
Jennifer Gilbert, violon
Orchestre National de Lyon
Leonard Slatkin, direction

Un album du label Naxos 8.573572
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Photo à la une : le pianiste français François Dumont – Photo : © Jean-Baptiste Millot