Le jeune homme et Elgar

Les concours ont parfois du bon. En final du Reine Elisabeth 1967 – il n’obtint que le 3e Prix -, Gidon Kremer dut choisir son concerto avec orchestre. Par quel caprice, ou quelle intuition, se décida-t-il pour l’opus d’Elgar qu’en Russie, seul Igor Oistrakh avait un peu joué jusque-là, et d’ailleurs sur la recommandation de son père, David, qui n’y avait guère touché ?

En tous cas, cela ajoute à sa discographie un concerto auquel il ne reviendra pas et qui le laisse souvent fâché avec la justesse – le trac ! – mais accordé avec le ton ombrageux de l’ouvrage, sa lyrique effusive et désespérée, ses paysages sombres qu’embrume encore la direction rêveuse de René Defossez.

Expérience unique, déconcertante, d’autant que Kremer savait pertinemment que Philippe Hirschhorn lui ravirait avec bravoure un possible Premier Prix. L’ardeur qu’il met au Poème de Chausson prouve que dans les épreuves intermédiaires, il croyait encore à son étoile qu’il pleure dans ce Concerto d’Elgar en une pure élégie.

LE DISQUE DU JOUR

Queen Elisabeth Competition 1967 : Gidon Kremer
Robert Schumann
(1810-1856)
Fantasie pour violon et piano en ut majeur, Op. 131
Ernest Chausson
(1855-1899)
Poème, Op. 25
Sir Edward Elgar
(1857-1934)
Concerto pour violon et orchestre en si mineur, Op. 61*

Gidon Kremer, violon
Marina Bondarenko, piano
Grand Orchestre Symphonique de la R.T.B
*Orchestre National de Belgique
Daniel Sternefeld, direction
*René Defossez, direction

Un album du label Muso MU-018
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Photo à la une : le violoniste Gidon Kremer – Photo : © DR