Vers l’infini

La mise en regard WagnerBruckner qui unifie le cycle leipzigois d’Andris Nelsons est-elle pertinente ? Elle trahit en tous cas son auteur : pour le chef letton, Bruckner est un lyrique, ses symphonies des poèmes, il les dépouille de leurs violences, les joue avec des tendresses, un amour des pianissimos, un refus de l’éclat qui en agaceront plus d’un.

Eh quoi !, cette 6e Symphonie que Wolfgang Sawallisch enflammait, ce ne serait que cette ode pastorale ? Et pourquoi pas ? Car le jeune homme a ses arguments, soit des phrasés d’une souplesse agogique, d’une poésie narrative qui renouvellent (ou trahissent, ce sera selon) l’écoute de l’œuvre.

D’ailleurs, que l’on acquiesce ou pas, on écoute (j’écoute), comme contraint par la simple qualité du son et du sens, une vision singulière qui d’évidence rencontre la grande ballade de la 9e Symphonie où, péché mortel, Andris Nelsons entend déjà les appels d’un autre monde musical, celui de Gustav Mahler qu’il dirige de plus en plus.

Ce sera une hérésie pour certains, mais ce lyrisme de crépuscule ne s’oublient plus une fois entendu, comme ce Prélude de Parsifal qui touche l’éternité, comme l’émerveillement qui saisit à l’écoute de l’une des plus émouvantes Siegfried-Idyll que j’ai jamais entendues, une nativité au sein de la magique forêt allemande.

LE DISQUE DU JOUR


Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 6 en la majeur, WAB 106
Symphonie No. 6 en ré mineur, WAB 109
Richard Wagner (1813-1883)
Siegfried-Idyll, WWV 103
Parsifal, WWV 111 – Vorspiel zum 1. Aufzug

Gewaldhausorchester Leipzig
Andris Nelsons, direction

Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4836659
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Photo à la une : le chef d’orchestre Andris Nelsons – Photo : © Marco Borggreve