De l’éternité

Bruckner fut son graal, Mahler sera-t-il son paradis ? Herbert Blomstedt fréquenta peu Mahler au disque, une Résurrection de ses années San Francisco aura suffit à faire regretter qu’il ait attendu si longtemps pour allier son art à cette Neuvième Symphonie qu’il voit et dirige de l’autre côté du miroir.

Les Bamberger Symphoniker sont depuis le magister de Josef Keilberth rompus à Mahler, avec dans la nature même de leur sonorité une poésie des timbres dans les bois et les vents qui rappellent ceux des orchestres de la jeunesse morave du compositeur, Herbert Blomstedt les entend, les laisse chanter, mais son art les exhausse à une dimension spirituelle supérieure, qui déleste de tout sarcasme le Scherzo et évite les excès expressionnistes – mais pas la terreur – dans le Rondo.

Mise à distance salutaire, qui réserve la stupeur pour un Adagio vertigineux dans ses abimes de pianissimos insondables … l’autre côté du miroir, comme faisait aussi Claudio Abbado qui dans l’Andante comodo regardait la mort en face, imparable mais jamais monstrueuse : idem pour Herbert Blomstedt qui en épure les lignes, éclaire les crescendos. Mais commencez par la fin, par cet Adagio ouvert sur l’autre monde, geste spirituel absolu.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahlerµ
(1860-1911)
Symphonie No. 9

Bamberger Symphoniker
Herbert Blomstedt, direction

Un album de 2 CD du label Accentus ACC30477
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt – Photo : © DR