Sonate sans violon

Alfred Cortot, qui donna si souvent la Sonate de Franck avec Jacques Thibaud, décida un jour de la jouer seul : il en réalisa une transcription magnifique, très pianistique, d’une fidélité irréprochable à l’original, où paraît tout son amour pour les œuvres pianistiques du compositeur de Psyché.

Alexandre Paley en avait enregistré une version un rien brouillonne, Michael Korstick en la plaçant au centre de son disque, entre les deux opus majeurs pour piano solo, l’éclaire d’une lumière ardente, lui donne des allures de symphonie, et par l’ampleur de son jeu, la vitalité irrépressible de sa conception lui apporte les couleurs de l’orgue.

Quel piano somptueux, dont le geste envole le clavier, osant infuser ici une puissance romantique qui transfigure non seulement la Sonate, mais aussi les Prélude, Choral et Fugue et Prélude, Aria et Final, autant réussis dans leurs moments d’introspection, où le clavier de Michael Korstick sculpte les ombres, que dans les grands déploiements de lumière.

Les structures sont parfaites, les polyphonies en vitrail ardentes, le souvenir de Bach, omniprésent, avoue tout ce que Franck l’organiste doit à son modèle, si bien que ces cahiers trop souvent romantisés atteignent à une certaine intemporalité classique par la pureté de jeu du pianiste allemand, son évidence.

Chez lui dans la musique française depuis son intégrale Debussy, il doit maintenant nous rendre quelques visites à Chabrier et à Ravel.

LE DISQUE DU JOUR

César Franck (1822-1890)
Prélude, Choral et Fugue, FWV 21
Prélude, Aria et Final, FWV 23
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8 (arr. pour piano seul : Alfred Cortot)

Michael Korstick, piano

Un album du label CPO 5552422
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Photo à la une : le pianiste allemand Michael Korstick – Photo : © DR