Ceux qui supportent le reader digest de Norma selon Franz Liszt applaudiront aux éclats virtuoses de Sophia Liu saisissant la Prêtresse aussi bien qu’Orovese ou Pollione, son piano s’avoue aussi riche de personnages que d’action, d’autant qu’on est dans le feu du concert qui pourtant n’excusera pas le peu de simplicité de son Liebestraum.
Elle s’y fait un peu trop voir, et aussi dans le Rondo à la Mazur qu’un autre élève de Dang Thai Son, Bruce Liu, faisait plus naturel, mais voilà, son molto rubato, ses suspensions, son piano subito, sa main gauche piquante et ses aigus de primadonna ont un charme fou qui semble venir d’un autre âge, surtout ils « parlent le Chopin ».
Les Mazurkas de l’Opus 17, si fantaisistes, oscillant entre danse et poème, sont assez troublantes pour qu’au-delà des perfections pianistiques j’écoute d’abord la nostalgie et les rêves, l’Andante spianato sonne pur belcanto, et la Polonaise fait oublier la virtuosité par le chic. Née pour Chopin, en tous cas.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Liebesträum « Oh Lieb, so lang du lieben kannst », S. 541/3
Réminiscences de Norma,
S. 394
Frédéric Chopin (1810-1849)
Rondo à la mazur en fa majeur, Op. 5
4 Mazurkas, Op. 17
Andante spianato et Grande polonaise brillante, Op. 22
Sophia Liu, piano
Un album du label Mirare MIR 782
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Photo à la une : la pianiste Sophia Liu – Photo : © Frances Marshall