La part sombre

Les Stamic poursuivent leur exploration des marges du répertoire pour quatuor en Tchécoslovaquie. Après ceux de Josef Bohuslav Foerster et de Karel Kovařovic, les trois Quatuors de Vítězslav Novák dévoilent l’évolution du langage de l’auteur de Dans les Tatras.

Le Quatuor en sol majeur (1899) est empli de chants et de rythmes moraves, et semble encore se couler sans un faux pli dans la veine de Dvořák, les Stamic le jouant vif et vert à souhait.

Quel contraste apportent les deux mouvements du Quatuor en ré majeur (1905), l’une des partitions les plus aventureuses qui soit coulée de sa plume. La Fuga et le Largo qui suivent ne ressemblent à rien d’autre dans son œuvre, mais ce sera la grande Fantasia, si saisissante par ses audaces – Janáček n’est pas loin, et même parfois l’aspect névrotique emplissant alors les Quatuors de Zemlinsky –, qui marquera un point de non-retour dont les Stamic ne soulignent peut-être pas assez les âpretés.

Un nouveau Quatuor dans la foulée du Deuxième ? Novák n’y songea pas vraiment mais en 1928 il esquissa à nouveau un diptyque qu’il ne reprit que dix ans plus tard. Le Lento doloroso sera sa page la plus noire, la plus désespérée, une sorte d’adieu amer dont l’encre empoisonnée semble couler des archets des Stamic.

LE DISQUE DU JOUR

Vítězslav Novák (1870-1949)
Quatuor à cordes No. 1 en sol majeur, Op. 22
Quatuor à cordes No. 2 en ré majeur, Op. 35
Quatuor à cordes No. 3 en sol majeur, Op. 66

Stamic Quartet
Jindřich Pazdera, violon I
Josef Kekula, violon II
Jan Pěruška, alto
Petr Hejný, violoncelle

Un album du label Supraphon SU4367-2
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Photo à la une : le compositeur Vítězslav Novák – Photo : © DR