Retrouvailles

François Hudry avait importé de son Disques en lice genevois la pratique de l’écoute en aveugle : elle perdura à la Tribune des critiques de disques même lorsqu’il eut passé le flambeau à Thierry Beauvert, réservant son lot de surprises (et de déconvenues).

Qui faisait Ondine si érotique, Le Gibet si hypnotique, Scarbo si cinématographique ? Un inconnu, du moins des participants ce jour-là sinon du maître du jeu qui avait sélectionné ce qui devait être le premier disque d’Inon Barnatan.

Le pianiste a eu mille fois raison de faire reparaître quinze ans plus tard cet album initialement publié sous étiquette AVIE. Le piano est aussi beau que la prise de son, le contraste entre la magie noire de l’opus de Ravel et le vaste soleil qui inonde la Suite bergamasque (même le « Clair » est de pleine lune) toujours aussi saisissant, et les trois opus qui s’intercalent montrent la curiosité d’un musicien qui ne craint pas les prises de risque, sa ValseRavel est cruel pour le pianiste le prouve, d’autres y auront invité l’orchestre, pas lui.

Ce serait bien le seul bémol, car les diffractions entre cristal et gamelan de Darknesse Visible, l’opus de Thomas Adès qui nomme l’album, et la fabuleuse divagation où Ronald Stevenson a enfermé l’essence de Peter Grimes illustrent sa maîtrise, et son invention, qu’il aura déployées depuis disque après disque.

LE DISQUE DU JOUR

Darknesse Visible

Maurice Ravel (1875-1937)
Gaspard de la nuit, M. 55
La Valse, M. 72 (version pour piano seul)
Thomas Adès (né en 1971)
Darknesse Visible
Claude Debussy (1862-1918)
Suite bergamasque, CD 82

Ronald Stevenson (1928-2015)
Fantaisie sur des motifs de « Peter Grimes » de Britten

Inon Barnatan, piano

Un album du label Pentatone PTC51872335
Acheter l’album sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Inon Barnatan – Photo : © Marco Borggreve