Concerto-Ballade

Le terme s’applique d’évidence aux divagations des Concertos de Medtner, mais Brahms aura posé le modèle : concerto oui, à l’envers des modèles classiques, et même du concerto de l’ère romantique, écrit encore pour un soliste. Non, ses Concertos de piano seront des symphonies où le grand meuble est un élément du paysage, et l’objet de narrations, tout un univers de ballades et de contes.

L’intégration s’est faite dès les tempêtes du Concerto en ré mineur, la tonalité plus ambiguë du Concerto en si bémol majeur, quasi schubertienne, ouvre d’autres espaces. Manfred Honeck l’entend bien ainsi, s’autorise dès l’Allegro cette ampleur sans pesanteur que suppose le non troppo. Francesco Piemontesi y déploie son immense clavier où tout chante même l’orage des trilles. Le « scherzo » sera tenu, presque un peu trop, manière de préluder à un Andante magique où le violoncelliste pourrait être un baryton : parenthèse de pure musique de chambre où le piano se glissera, filant sa rêverie sur un tempo fluide, dans les clartés des Leipzigois. Moment qui passe trop vite comme font les songes.

Finale sur les pointes, le clavier rit, l’orchestre musarde en pizzicatos légers, sonorités dorées, nonchalance fantaisiste avant qu’une pincée de paprika ne pimente le clavier et n’envole l’orchestre.

En apostille, la triade nocturne de l’Opus 117, caressée par ces mains d’aède dans leur crépuscule. Impossible de les croire enregistrées « live » comme le Concerto, mais plutôt dans la solitude d’un Gewandhaus déserté.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Concerto pour piano et
orchestre No. 2 en si bémol
majeur, Op. 83

3 Intermezzos, Op. 117

Francesco Piemontesi, piano
Gewandhausorchester Leipzig
Manfred Honeck, direction

Un album du label Pentatone PTC5187461
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Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi –
Photo : © Camille Blake