« Vite le Deuxième Livre », écrivais-je à l’automne 2021. Aaron Pilsan l’aura enregistré au printemps 2023, délai raisonnable, mais qui aura suffi à montrer dans son jeu l’irruption d’une fantaisie, dont le Premier Livre, déjà magnifique à force de phrasés singuliers, laissait entrevoir la venue.
Un giocoso l’animait, que le pianiste viennois n’a pas abandonné ; il lui autorise même une liberté supplémentaire, quelque chose d’absolument fluide et serein qui ignore superbement la rhétorique, fait les Fugues comme autant de divertissements physiques, et ouvre grands les espaces aventureux des Préludes.
Pourtant les secondes découlent des premiers dans une logique imparable, pas un hiatus ne se glisse dans les plus de deux heures de ce Second Livre où tout est si prêt jusque dans l’illusion de l’improvisation, manière qui rappelle la poésie élégante d’un Murray Perahia.
Secret de cette façon de faire, la vocalité. Ce clavier chante comme ne le pourrait jamais un clavecin, Aaron Pilsan confesse d’ailleurs qu’en Bach il va d’abord aux Cantates, aux Passions, ceci expliquant cela. Même piano, même tempérament, même lieu, même équipe, le jeune homme aura mis tous les moyens pour que d’un Livre l’autre son Clavier bien tempéré rayonne dans la même lumière, délivre le même espace serein.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Le Clavier bien tempéré,
Livre II, BWV 870-893
Aaron Pilsan, direction
Un album de 2 CD du label Alpha Classics 1034
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Photo à la une : le pianiste Aaron Pilsan – Photo : © Marie Staggat