Karajan entrera en studio l’année suivante pour graver sous étiquette jaune son Lied von der Erde. Il y était venu au début des années soixante-dix, trouvant d’emblée son héroïne (il y essaiera ensuite Agnes Baltsa) : Christa Ludwig jeune fille l’avait déjà apprivoisé pour Otto Klemperer. En sa maturité une élévation des mots, un sfumato dans le timbre, un souffle plus instrumental rendent son Abschied autrement intemporel.
La captation live était connue, publiée par Foyer, St-Laurent Studio en ouvre l’espace, saisissant mieux le travail encore en cours de Karajan, quelques imperfections font le témoignage précieux, rappelant qu’au concert l’émotion l’emportait toujours, elles humanisent ce que le studio rendra limpide au point d’en être étouffant, René Kollo lui-même souffrant çà et là, sans renoncer à l’héroïsme est soudain plus touchant qu’en aucun de ses disques.
Pourtant ce sera pour Christa Ludwig, éperdue, bouleversante, Solitaire esseulé qui regardera au long de l’Abschied la mort en face dans cette nature saturée de beautés, qu’on thésaurisera ce concert salzbourgeois enfin à nouveau accessible.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Das Lied von der Erde
Christa Ludwig,
mezzo-soprano
René Kollo, ténor
Berliner Philharmoniker
Herbert von Karajan,
direction
Enregistré à Salzbourg le 27 août 1972
Un album du label St-Laurent Studio YSL 1685 T
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert von Karajan et à sa gauche la mezzo-soprano Christa Ludwig – Photo : © DR