Pour la Chapelle de Charles XI Gustav Düben rassembla en recueil des airs sacrés parmi lesquels Lucile Richardot et Sébastien Daucé herborisent tout au fil de cet album touchant dont les opus ont été peu courus au disque sinon par Andreas Scholl. On entendra avec intérêt leurs propositions respectives pour l’opus de Johann Christoph Bach (Ach, daß ich Wasser’s g’nug hätte).
Les rares contributions de quelques Italiens composant pour des chapelles hanséatiques éclairent à peine ces œuvres de contrition où les registres si percutants de la mezzo sonnent de plus en plus comme ceux d’un contralto. L’appel à la Résurrection de David Pohle saisit d’emblée, portique expressionniste qui donne le ton d’un album précieux où Sébastien Daucé aborde un nouveau chapitre de son illustration du protestantisme musical commencé chez Buxtehude, bordant du sombre concert de ses violes ces pages où la spiritualité le dispute à l’espressivo. Seule véritable envolée latine, les fusées qu’elle partage avec le fluide ténor d’Antonin Rondepierre pour l’éblouissant Salve, mi puerele de Christian Ritter, placée au centre du disque avant une Suite de Danses de Sebastian Knüpfer dont l’Allemanda initiale a des airs de sépulcre.
L’album se referme par ce tombeau en musique pour Charles XI, merveille d’émotion coulée de la plume de Johann Fischer où Lucile Richardot approche, de timbre, d’inflexion, ce modèle que lui est Alfred Deller.
LE DISQUE DU JOUR
Northern Light
Franz Tunder (1614-1667)
Ack Herre, låt dina helga änglar
David Pohle (1624-1695)
Herr, wenn ich nur dich habe
Christian Geist (ca 1650-1711)
Es war aber an der Stätte,
da er gekreuziget ward
Giuseppe Peranda (1625-1675)
O Jesu mi dulcissime
Vincenzo Albrici (1631-1696)
Cogita, o homo
Johann Christoph Bach (1642-1703)
Ach, daß ich Wasser’s g’nug hätte (Lamento)
Christian Ritter (ca. 1645/50-1717/25)
Salve, mi puerule
Sebastian Knüpfer (1633-1676)
Suite de danses (Allemanda ; Corranta ; Balletto ; Sarabanda)
Johann Krieger (1651-1735)
I frid vill jag nu fara
Franz Tunder (1614-1667)
Jubilate et exultate, vivat rex Carolus
Johann Fischer (1646-1716/17)
Das klagende Schweden-Reich
Lucile Richardot, mezzo-soprano
Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction
Un album du label harmonia mundi HMM905368
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Photo à la une : la mezzo-soprano Lucile Richardot –
Photo : © Marco Borggreve