L’« Écossaise » aura inspiré des lectures volcaniques, de Rudolf Kempe à Ataúlfo Argenta en passant par Dimitri Mitropoulos. Lahav Shani prend leur contrepied.
Infiniment subtile, sa battue éclaire les polyphonies, raffine les couleurs, surtout elle respecte la métrique complexe où Mendelssohn élabore les sortilèges de son orchestre, un orchestre de peintre auquel les embruns et même la tempête ne manqueront pas ici, mais sans jamais sacrifier le vertige de cette écriture saisissante où passe comme un ultime souvenir du Sturm und Drang. Écoutez seulement l’effervescence du Scherzo.
Lahav Shani ne la complète pas avec La Grotte de Fingal, il lui préfère la plus rare Mer calme et heureux voyage, distillant la poésie du premier volet, se gardant de tout excès pour le départ, l’œuvre aura rarement été aussi comprise, et là encore la perfection de la réalisation surprend par son alliage de liberté et d’exactitude.
C’est de l’orchestre même de Mendelssohn dont il pare les trois Lieder ohne Worte, Venetianisches Gondellied, Spinnerlied (« La Fileuse », en français), Bonheur perdu, la plume du jeune chef se faisant aussi légère que le pinceau de l’aquarelliste.
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56, MWV N18
« Écossaise »
Meeresstille und glückliche Fahrt, Op. 27, MWV P5
Lieder ohne Worte,
Book III, Op. 38 (extrait : No. 2. Bonheur perdu*, MWV U115)
Lieder ohne Worte,
Book I, Op. 19b (extrait : No. 6. Venetianisches Gondellied*, MWV U78)
Lieder ohne Worte, Book VI, Op. 67 (extrait : No. 4. Spinnerlied*, MWV U182)
*orchestrations de Lahav Shani
Rotterdam Philharmonic Orchestra
Lahav Shani, direction
Un album du label Warner Classics 5021732723253
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Photo à la une : le chef d’orchestre Lahav Shani – Photo : © Mezzo