La virtuosité serait-elle une vertu ? Sur une incertaine reptation étymologique, Michel Dalberto assemble un programme où le disparate le dispute parfois à l’inconfort : sa Valse de « Faust » est bien carrée, loin de celle de certains pétrisseurs d’ivoire qui l’envolaient, mais ses épisodes sont assez délicieux pour n’être pas du tout vertueux.
Interrogée dans chaque détail, le presque-rien de la « petite » Sonate de Mozart risque parfois de manquer de cette simplicité qui lui serait pourtant vertu, mais lorsque les accords des Réminiscences de « Norma » résonnent, soudain la virtuosité se fait absolument vertueuse. Dalberto ignore Liszt pour lui préférer Bellini, et délaisse son piano pour un opéra. Admirable, et si différent de tout ce qu’on y aura osé.
Le grand œuvre reste pourtant les Variations Paganini de Brahms, dont la virtuosité sera comme ôtée, ou du moins invisible, à force de fulgurances et de poésie, preuve qu’il serait tant de l’entendre dans un, dans plusieurs ! albums dédiés au compositeur du Requiem allemand, rappelant combien il est chez lui dans le répertoire romantique germanique, ce que l’apostille de Wohin?, même encorbellée de fantaisies par Rachmaninoff, souligne d’un sourire à la fin de cet album intrigant.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Valse de l’opéra « Faust »
de Gounod, S. 407
Réminiscences de « Norma » (d’après Bellini), S. 394
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour piano No. 15
en ut majeur, K. 545
Johannes Brahms (1833-1897)
Variations sur un thème de Paganini, Op. 35 – Cahiers I & II (presque complets)
Franz Schubert (1797-1828)
Wohin ? (No. 2, extrait de « Die schöne Müllerin, D. 795 » ; version pour piano seul : Sergei Rachmaninoff)
Michel Dalberto, piano
Un album du label La Dolce Volta LDV 148
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Photo à la une : le pianiste Michel Dalberto – Photo : © Lyodoh Kaneko