Marie Hall, malgré l’amitié d’Elgar, qui l’y dirigea, ne fut pas la première à enregistrer le Concerto, « abridged » comme le voulait alors le nombre restreint de faces des albums 78 tours de l’ère acoustique : Albert Sammons, qui s’était accaparé l’œuvre dès 1914, leur avait brûlé la politesse, et déjà Sir Henry Wood enflammait l’œuvre : quatre faces seulement, dont une entière pour la cadence où Sammons ardait son archet, prodigieux, même capté par le cornet.
En 1929, enfin l’œuvre au complet, magnifiée par l’enregistrement électrique, stupéfiant d’abord par l’urgence qui dispense Sir Henry Wood, chef sanguin qui sera pour Beecham une source d’inspiration : ses nombreux 78 tours mériteraient d’être regroupés dans un beau coffret, qui l’osera ?
Sammons étonnera par cette même furia, une intensité expressive, un cantabile ardent qui emporte l’Allegro d’un trait. La gravure fut considérée à juste titre comme définitive, jusqu’à l’enregistrement du jeune Yehudi Menuhin sous la baguette du compositeur, geste plus lyrique dont les beautés n’auront pas disqualifié l’archet diseur de Sammons dans le cœur des discophiles anglais.
L’ajout de la Sonate où le violoniste serre le dialogue avec son partenaire privilégié William Murdoch, est infiniment précieux, cet appassionato, ce ton sombre, cet archet ténébreux sont restés sans équivalent.
LE DISQUE DU JOUR
Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violon et orchestre en si mineur,
Op. 61
Sonate pour violon et piano en mi mineur, Op. 82
Albert Sammons, violon
William Murdoch, piano
New Queen’s Hall Orchestra
Sir Henry Wood, direction
Un album du label Biddulph 85054-2
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Photo à la une : © DR