Walter Weller eut deux vies, la première comme primarius du Quatuor portant son nom, coda d’une tradition viennoise qu’il revivifia et qui s’illustra par une discographie demeurée immaculée.
Les Wiener Philharmoniker l’avaient invité pour un premier concert en 1968, le Volksoper en faisait son chef invité, mais le label londonien attendra les années soixante-dix pour le signer dans ses nouveaux offices.
Liverpool était devenu son second port d’attache, Decca préféra lui confier le London Symphony et le London Philharmonic, les deux alternant dans une intégrale des Symphonies de Prokofiev magnifiée par une prise de son spectaculaire, répertoire où, à tort, on ne l’attendait pas.
Il emploiera autant de clarté dans un cycle Rachmaninoff commencé à Genève, la Première Symphonie complétant en quelque sorte les Deuxième et Troisième gravée avec les mêmes par Paul Kletzki, cycle poursuivi à Londres et couronné par une fulgurante Troisième, qui n’autorise pas à négliger une Deuxième Symphonie rhapsode. Ce tropisme russe ira jusqu’à Chostakovitch, d’iconoclastes propositions des Première et Neuvième Symphonies, aussi avec les Genevois.
A part, Ma patrie avec le Philharmonique d’Israël pose un premier jalon indiquant sa passion pour le répertoire tchèque – Sir Charles Mackerras l’y avait intéressé – qui se poursuivra par de beaux albums Martinů gravés plus tard à Bruxelles.
Des perles ? Le récital viennois où il accompagne Pilar Lorengar : cette Scène d’Arabella face à la Zdenka d’Arleen Auger ne s’oublie pas et fait pleurer que Decca n’ait pas illustré l’autre face de son art, celui de chef d’opéra.
Une splendide Symphonie de Paul Dukas et totalement inattendue, l’intégrale des oeuvres pour piano et orchestre de Béla Bartók pour le jeune Pascal Rogé, gravure qui posa une sidérante perfection face au cycle de Géza Anda et de Ferenc Fricsay, ouvrant la voix aux nouveaux pianistes hongrois. Dezső Ránki, Zoltán Kocsis, András Schiff, tous auront à égaler la précision, l’inspiration, l’impact de cette gravure restée trop peu connue, que Cyrus Meher-Homji a eu raison de placer en ouverture de cette belle boîte.
LE DISQUE DU JOUR
Walter Weller, direction
The Decca Legacy
CD 1
Béla Bartók (1881-1945)
Rhapsodie pour piano et orchestre, Op. 1, Sz. 27, BB 36
Concerto pour piano et orchestre No. 1, Sz. 83, BB 91
Pascal Rogé, piano – London Symphony Orchestra (1977)
CD 2
Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour piano et orchestre No. 2, Sz. 95, BB 101
Concerto pour piano et orchestre No. 3, Sz. 119, BB 127
Pascal Rogé, piano – London Symphony Orchestra (1977)
CD 3
Johannes Brahms (1833-1897)
21 Danses hongroises, WoO 1
Royal Philharmonic Orchestra (1983)
CD 4
Paul Dukas (1865-1935)
L’Apprenti sorcier
Symphonie en ut majeur
London Philharmonic Orchestra (1976)
CD 5
Edvard Grieg (1843-1907)
Peer Gynt, musique de scène, Op. 46 (12 extraits)
Royal Philharmonic Orchestra (1979)
Bedřich Smetana (1824-1884)
Hakon Jarl, Op. 16, JB 1:79
Israel Philharmonic Orchestra (1979)
CDs 6-8
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon et orchestre No. 1 en si bémol majeur, K. 207
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en ré majeur, K. 211
Concerto pour violon No. 3 en sol majeur, KV 216 « Strassburg »
Concerto pour violon No. 4 en ré majeur, KV 218
Concerto pour violon No. 5 en la majeur, K. 219 « Turc »
Concerto pour violon (No. 7) en ré majeur, K. 271a/K.271i (attribution à Mozart)
Rondo concertante pour violon et orchestre en si bémol majeur, K. 269
Adagio pour violon et orchestre en mi majeur, K. 261
Rondo pour violon et orchestre en ut majeur, K. 373
Johann Friedrich Eck (1767-1838)
Concerto pour violon en mi bémol majeur, K. 268/Anh.C 14.04 (ancienne attribution à Mozart, attribution non certaine à Eck)
Mayumi Fujikawa, violon – Royal Philharmonic Orchestra (1981)
CD 9
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 1 en ré majeur, Op. 25 « Classique »
Symphonie No. 7 en ut dièse mineur, Op. 131
London Symphony Orchestra (1975)
CD 10
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 2 en ré mineur, Op. 40
L’Amour des trois oranges – Suite, Op. 33a
London Philharmonic Orchestra (1980)
CD 11
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 3 en ut mineur, Op. 44
Suite scythe, Op. 20
London Philharmonic Orchestra (1980)
CD 12
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 4 en ut majeur, Op. 112 (2nde version)
Ouverture russe, Op. 72
London Philharmonic Orchestra (1979)
CD 13
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, Op. 100
London Symphony Orchestra (1977)
CD 14
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 6 en mi bémol majeur, Op. 111
London Philharmonic Orchestra (1976)
CD 15
Sergei Rachmaninoff (1873-1943)
Symphonie No. 1 en ré mineur, Op. 13
L’Orchestre de la Suisse Romande (1973)
CD 16
Sergei Rachmaninoff (1873-1943)
Symphonie No. 2 en mi mineur, Op. 27
London Philharmonic Orchestra (1973)
CD 17
Sergei Rachmaninoff (1873-1943)
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 44/em>
Le rocher, Op. 7
London Philharmonic Orchestra (1975)
CD 18
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie No. 1 en fa mineur, Op. 10
Symphonie No. 9 en mi bémol majeur, Op. 70
L’Orchestre de la Suisse Romande (1973)
CD 19
Bedřich Smetana (1824-1884)
Má vlast, JB1:112
Israel Philharmonic Orchestra (1979)
CD 20. Prima Donna in Vienna
Airs de Wolfgang Amadeus Mozart (Le nozze di Figaro), Ludwig van Beethoven (Fidelio), Carl Maria von Weber (Der Freischütz), Richard Wagner (Tannhäuser), Erich Wolfgang Korngold (Die tote Stadt)
Richard Strauss (Arabella), Johann Strauss II (Der Zigeunerbaron), Carl Zeller (Der Vogelhändler), Franz Lehár (Eva, Zigeunerliebe), Emmerich Kálmán (Die Csárdásfürstin)
Pilar Lorengar, soprano – Arleen Auger, soprano – Wiener Opernorchester (1972)
Un coffret de 20 CD du label Decca 4843410 (Collection « Eloquence Australia »)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Walter Weller – Photo : © DR