Chez Mozart et Da Ponte, André Schuen campe avec quasi toujours un égal bonheur valet et maître. Si Leporello lui va plus naturellement que Don Giovanni, pour Les Nozze di Figaro ce sera l’inverse : son Figaro grand teint est certes admirable, mais la nature même de sa voix s’épanouit dans celle du Comte, sinon dans les pièges de la vocalise de Vedro mentr’io sospiro, plus d’aigus sans que le sombre du timbre cède. Sa jolie Susanna, Nikola Hillebrand, ne dira pas le contraire. Ecoutez aussi sa Zerlina !
Un bémol, les airs de Figaro et du Comte auraient gagné à s’entrelacer plutôt que d’être éloignés par de savoureux Papageno et Leporello.
Quelques pages achèvent de faire l’intermède un peu long, surtout la cantate maçonnique. Pour les barytons, il existe des airs de concert plus relevés que les deux choisis, restent les trois mélodies, et plutôt que l’attendu Abendempfindung, le si rarement enregistré Komm, liebe Zither, komm, où, invité de luxe, Avi Avital l’encorbelle dans sa mandoline avant de lui enchanter la Sérénade du burlador.
Finalement son Don Giovanni casanovesque, jamais méchant homme, sera la vraie surprise de ce voyage chez Mozart timidement mené par Roberto González-Monjas dont je préfèrerai entendre le violon.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Airs et Duos tirés de :
Le nozze di Figaro (K. 492)
Die Zauberflöte (K. 620)
Don Giovanni (K. 527)
Mentre ti lascio, o figlia,
K. 513
Rivolgete a lui lo sguardo,
K. 584
Abendempfindung, K. 523*
Die ihr des unermeßlichen Weltalls Schöpfer ehert, K. 619*
Das Traumbild, K. 530*
Komm, liebe Zither, komm, K. 351/367b**
Andrè Schuen, baryton
Nikola Hillebrand, soprano
*Daniel Heide
**Avi Avital, mandoline
Mozarteumorchester Salzburg
Roberto González-Monjas, direction
Un album du label Deutsche Grammophon 4867186
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Photo à la une : le baryton Andrè Schuen – Photo : © DR