La scène ? Non, le concert, et probablement, vu le nombre de dates, quelques sessions pour parfaire le tout. Les couleurs des Norvégiens, orchestre et chœurs, sont idéalement appariées au sujet et à l’historique même de la composition de l’œuvre, ils servent de paysages souvent orageux à une distribution assemblée autour de Lise Davidsen qui osait ici sa première Senta.
Ceux qui ont en mémoire le timbre de cygne blessé de Kirsten Flagstad le retrouveront à nouveau dès la Ballade, quelques duretés en plus ; cette Senta est tout sauf marbre, inquiète et brûlante tour à tour. Dans son grand instrument même Lise Davidsen campe une héroïne qui déjà regarde vers Isolde, sombre, hantée, comme maudite à l’égal du Hollandais.
Il était temps pour le naufrageur que Gerald Finley promène de scène en scène depuis quelques lustres !, l’anti Uhde, l’anti London on s’en doute ; mais qui connaît ses Classiques, à l’égal du baryton, saura qu’Herbert Janssen l’aura inspiré jusque dans cette lumière du timbre vite renoncée, mais qui aura suffi à éclairer la blessure.
Formidable Daland de Brindley Sherratt, sans charge, père peut-être plus qu’aucun autre, un merveilleux pilote avec cet aigu qui rappelle Gedda (Eirik Grøtvedt), une Mary bien chantante, et heureuse surprise !, l’Erik de Stanislas de Barbeyrac, ardent, solaire, latin pour tout dire, comme si le souvenir de Sándor Kónya l’inspirait.
L’autre héros de ce Vaisseau gagnant ? Edward Gardner, ardent, qui fulgure dans des teintes hoffmanniennes ce conte noir de la rédemption impossible. J’attends avec impatience sa Salome annoncée chez Chandos.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Wagner (1813-1883)
Der fliegende Holländer,
WWV 63
Gerald Finley, baryton-basse (Der Holländer)
Lise Davidsen, soprano (Senta)
Brindley Sherratt, basse (Daland)
Stanislas de Barbeyrac,
ténor (Erik)
Anna Kissjudit, mezzo-soprano (Mary)
Eirik Grøtvedt, ténor (Der Steuermann)
Chœur et Orchestre de l’Opéra National de Norvège
Edward Gardner, direction
Un album de 2 CD du label Decca 4870952
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Photo à la une : la soprano Lise Davidsen, à l’Opéra National de Norvège, à l’été 2024 – Photo : © Erik Berg (2024)