La consommation par les flammes de Notre-Dame semble n’avoir pas touché la cathédrale que la photographie choisie pour la couverture de l’album montre portée par une banc de brume, et comme abstraite de Paris.
C’est bien elle que célèbrent les motets, les plains-chants et les fragments de la Missa sex vocum de François Cosset – ah, ses polyphonies somptueuses ! – mais l’objet réel du disque reste l’œuvre de Campra, que Sébastien Daucé et son ensemble enregistrent en respectant la prononciation du latin « à la française » et le texte établi par Louis Castelain publié en 2024 par le Centre de Musique Baroque de Versailles.
Cela change résolument le visage d’une œuvre dont jusqu’alors, et particulièrement sous la baguette flamboyante de Sir John Eliot Gardiner, les italianismes sautaient aux oreilles. Plus encore que son attache à la cathédrale parisienne, c’est le compositeur fêté à Versailles que célèbre cette nouvelle proposition, expérience révélatrice qui pourtant ne pourra pas éloigner les souvenirs de grand théâtre spirituel gravés par Gardiner, ses solistes percutants, ni son opposée, la sévère pompe assumée par Philippe Herreweghe, sans pour autant qu’on doive ignorer cette nouvelle lecture philologique, utile par sa différence même.
LE DISQUE DU JOUR
André Campra (1660-1744)
Messe de Requiem
François Cosset
(ca. 1610-ca. 1673)
Missa « Domine salvum
fac regem »
Jean Veillot (ca. 1600-1662)
Ave verum corpus
Domine salvum fac regem
Jean Mignon (1640-1708)
Plainchant « Procul maligni cædite Spiritus »
Pierre Robert (ca. 1622-1699)
Christe redemptor omnium
Templi sacratas (Plainchant)
Tristis est anima mea
Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction
Un album du label harmonia mundi HMM902679
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Photo à la une : Notre-Dame de Paris – Photo : © Ronny Behnert