Son Schubert

Un détail suffit à tirer l’oreille, et à rendre le disque précieux : dans le Trio du Scherzo de la Cinquième Symphonie, Maxim Emelyanychev fait entendre la musette que tant d’interprétations génériques n’auront pas même aperçue.

Pour ce jeune homme, relire n’est pas un vain mot, les accents, les tempos qu’il tient loin des canons classiques, la précision jusque dans les traits les plus fusants, tout donne à la Cinquième cette vie éruptive, ce ton capricieux, cette alacrité des rythmes et des mélodies qui ne se retrouveront vraiment que chez Beecham, si l’on consent à cet a posteriori qui brouille la chronologie. À la coda de l’album, le Rondo en la majeur, et son violon concertant, ajoute une rareté où l’ombre de Mozart paraît.

Et l’« Inachevée » ? Il la dirige très conte noir, un peu Freischütz, et éclaire les deux immenses nocturnes en respectant les subtiles variations de tempo et de caractère entre l’Allegro moderato et l’Andante con moto : les portes d’un autre monde s’ouvrent, qui conduiront à cette Neuvième solaire, enregistrée auparavant, et que je ne me lasse pas de réécouter, où les Écossais ardent une furia enthousiaste : lecture juvénile, élancée, fulgurante, qui ouvrait une intégrale (cf. ici) dont chaque nouvel album partagera la critique, signe d’une vraie volonté artistique.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert
(1797-1828)
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, D. 485
Symphonie No. 8 en si mineur, D. 759 « Inachevée »
Rondo pour violon et cordes en la majeur, D. 438 (Adagio – Allegro giusto)

Stephanie Gonley, violon
Scottish Chamber Orchestra
Maxim Emelyanychev, direction

Un album du label Linn Records CKD 748
Acheter l’album sur le site du label Linn Records, sur le site outhere-music.com, ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le claviériste et chef d’orchestre Maxim Emelyanychev – Photo : © Andrej Grilc