Deux handicaps, comme le dit la phrase extraite d’une lettre de Florence Price à Serge Koussevitzky placée en exergue de l’album-révélation gravé par Yannick Nézet-Séguin à Philadelphie : le sexe et la race.
Voilà de quoi alimenter le moulin à revendication des racialistes et autres inter-sectionnalistes qui risqueraient de faire à un compositeur (vous aurez noté mon esprit de résistance) une fausse résurrection : ce n’est pas le double fait d’être une femme issue de la minorité afro-américaine qui fait le prix des deux Symphonies ici enregistrées, mais la pure beauté des mélodies de la Première, encore bercées par celles du Nouveau Monde d’Antonín Dvořák, et l’invention dramatique de la Troisième dont parfois les sombres beautés semblent évoquer celle des symphonies d’Albéric Magnard alors même qu’elle se ressource dans les mélodies nègres.
Singulière, Florence Price l’est absolument et d’abord par sa musique, par l’audace de ses scherzos ou soudain l’univers du Sud, les danses des esclaves (Juba) invitent un autre monde, par son génie mélodique, vertu si peu partagée dans le domaine de la musique savante.
Deutsche Grammophon semble lancé dans une série consacrée à son œuvre. Bravo !
LE DISQUE DU JOUR
Florence Price (1887-1953)
Symphonie No. 1 en mi mineur
Symphonie No. 3 en ut mineur
The Philhaldephia Orchestra
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un album du label Deutsche Grammophon 4862029
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Photo à la une : la compositrice Florence Price – Photo : © DR