Coqueluche aux États-Unis, porté par une carrière prometteuse en Europe, George Li n’est plus un débutant sinon au disque et pour son premier album, Warner l’enregistre sur le vif au Mariinski sur un sublime Steinway et dans une prise de son avantageuse.
Dès la Sonate de Haydn (la si mineur), je suis conquis par un jeu de grande école, un piano qui sonne mais n’alourdit jamais, quelque chose d’autoritaire mais qui conduit le discours sans dureté, peu de pédale, beaucoup de phrasé, et une absence d’affectation qui finit par oublier un peu la fantaisie.
Peu importe, son Haydn classique, assumé comme tel au grand piano, a une classe folle, comme sa Deuxième Sonate de Chopin qu’il ne sollicite pas, chante large, et dont le Finale fait entendre à quel point, il sait animer une grisaille en y faisant entendre toutes les nuances de l’harmonie : une minute trente pour être stupéfait.
Pourtant, le style naturel lui manque un rien alors que pour les redoutables Variations Corelli de Rachmaninov, tout y est, le chant polyphonique, le clavier immense, le ton de fantasmagorie nocturne surtout que si peu y trouvèrent, sinon Valdimir Ashkenazy (trahi par les micros) ou le jeune Lugansky en ses vertes années, mais Li y est fascinant de bout en bout, on le suit mesure à mesure, plus qu’en ses Liszt qui sont à la parade, un peu brillants pour être brillants seulement.
Ah mais ce Rachmaninov ! Et s’il nous faisait les Etudes-tableaux ? Il en a et l’art, et les moyens.
LE DISQUE DU JOUR
George Li
Live at the Mariinsky
Joseph Haydn (1732-1809)
Sonate pour clavier (No. 47) en si mineur Hob. XVI:32
Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 2 en si bémol mineur, Op. 35
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Variations sur un thème de Corelli, Op. 42
Franz Liszt (1811-1886)
6 Consolations, S. 172 (extrait : No. 3 en ré bémol majeur)
Rhapsodie hongroise en ut dièse mineur, S. 244/2
George Li, piano
Un album du label Warner Classics 01902958194
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Photo à la une : © Simon Fowler