Leonard Bernstein était un musicien complet. Comme compositeur, il est à la fois l’auteur de musicals célèbres de Broadway (West Side Story) et d’œuvres de musiques « sérieuses » (symphonies, ballets, etc.) que l’on conseille au plus haut point.
Ses œuvres sont souvent engagées, vecteurs de sens et de messages, politiques ou religieux. A titre d’exemple, au-delà du poids religieux de ses symphonies (Kaddish, Jeremiah) et de l’évidence du message politique du Roméo et Juliette moderne qu’est West Side Story, nous citerons son opéra Candide pour illustrer son approche par la musique de thèmes contemporains. Le Candide de Bernstein est encore plus ironique que celui de Voltaire vis-à-vis de la philosophie de Leibniz (caricaturée par Voltaire en un « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles »). Bernstein y mélange les styles et les musiques pour en faire une œuvre complète, facile d’accès mais résolument moderne. Cet opéra existe en DVD, en version de concert, dirigée et commentée par Bernstein lui-même, version à acquérir sans hésiter (Deutsche Grammophon).
Mais Leonard Bernstein était aussi un grand pédagogue (ayant fait découvrir la musique classique à des millions de jeunes téléspectateurs américains) et surtout un des plus grands chefs d’orchestre du XXe siècle, dirigeant avec succès et authenticité trois siècles de musique depuis Haydn jusqu’aux contemporains américains. On trouve en DVD des enregistrements passionnants des grandes symphonies de Beethoven, Brahms, Schumann, Mahler, Sibelius, et des chefs-d’œuvre américains (Gershwin, Ives, Copland, Bernstein lui-même). Un coffret hommage (cf. visuel en bas de page) regroupe cinq DVDs disponibles séparément, cinq concerts à la direction de quatre orchestres différents, précieux témoignage du style et de l’art de l’artiste.
Dans les symphonies de Brahms, dans la Neuvième de Bruckner, dans la Symphonie de César Franck, nous voyons un Bernstein ultra-romantique, avec qui l’orchestre semble rivaliser d’expressivité. Ce sont parmi les meilleures versions en DVD de ces œuvres. En complément du disque Franck, Bernstein a enregistré, également à Paris, Le Bœuf sur le toit de Milhaud, pièce légère et dansante où l’on voit le chef, exceptionnellement barbu à cette période, swinguer avec la musique, faisant preuve comme toujours d’un enthousiasme communicatif.
Bernstein dans Mozart (17e Concerto, 39e Symphonie) est une rareté. Leonard Bernstein était aussi un grand pianiste, que l’on connaît dans son élément dans Gershwin ou comme accompagnateur au piano dans Mahler. Mais là, dirigeant l’Orchestre philharmonique de Vienne depuis son Bösendorfer, il donne une vraie leçon de style mozartien, montrant une grande concentration. Dans le Finale de la 39e Symphonie, un des mouvements les plus festifs de Mozart, on retrouve un Bernstein dansant et entraînant.
Le dernier DVD montre l’événement de Noël 1989, lorsque Bernstein courut sur les ruines du Mur de Berlin diriger la Neuvième de Beethoven avec un orchestre venant des deux Allemagne (Munich et Dresde) et des quatre puissances occupantes (Orchestres de Leningrad, New York, Paris et Londres). Le mot « Joie » avait été remplacé par le mot « Liberté », et la Symphonie se termine donc par l’Ode « à la Liberté », d’après Schiller. Une interprétation exceptionnellement prenante, de près d’une heure et demi, à la hauteur de l’événement.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie No. 39 en mi bémol majeur, K. 543
Concerto pour piano No. 17 en sol majeur, K. 453
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 9 en ré mineur, WAB 109
Leonard Bernstein (1918-1990)
Candide (Intégrale)
etc.
Orchestre Philharmonique d’Israël
Wiener Philharmoniker
London Symphony Orchestra
etc.
Leonard Bernstein, piano, direction
Photo à la une : © Deutsche Grammophon