Depuis une décennie, Kurt Atterberg reprend progressivement sa place dans le concert des compositeurs nordiques, une des toutes premières, juste après les statures écrasantes de Jean Sibelius et de Carl Nielsen.
Le symphoniste est justement célébré, mais on oublie trop ses concertos. Truls Mørk a révélé celui pour violoncelle dans un admirable disque BIS où l’accompagnait Kristjan Järvi. Ce sombre poème, d’un élan irrépressible reste peu joué alors qu’il est assurément un des chefs-d’œuvre de la littérature concertante écrite pour cet instrument au XXe siècle.
Eh bien, la nouvelle version ne pâlît en rien devant la précédente : le geste emporté d’Ari Rasilainen n’y est pas pour peu, il sculpte le son, creuse le discours, mais la vraie surprise vient du soliste : Nikolai Schneider. Ce violoncelle si ample, qui projette et proclame si large surprend car il ose ici le discours inverse de celui qu’y tenait Truls Mørk : plus véhément que lyrique, plus abrupt que chanté. Cet élève de David Geringas commence ici une carrière discographique qu’il faudra suivre.
Le Concerto pour cor est tout aussi réussi, avec son orchestre inhabituel : cordes, piano et percussion, lui donnent des couleurs inédites, et la partie du soliste possède une fluidité expressive en même temps qu’un caractère dramatique. Un concerto ? Plutôt trois scènes de chant aux profils singuliers, à l’écriture aussi parfaite qu’aventureuse. Et à la fin une interrogation : comment ces deux opus peuvent-ils être aussi absents des répertoires des orchestres, nordiques ou pas ?
LE DISQUE DU JOUR
Kurt Atterberg (1887-1974)
Concerto pour violoncelle et orchestre en ut mineur, Op. 21
Concerto pour cor et orchestre en la majeur, Op. 28
Nikolai Schneider, violoncelle
Johannes-Theodor Wiemes, cor
NDR Philharmonie
Ari Rasilainen, direction
Un album du label CPO 999874-2
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Photo à la une : © DR