Un jeune pianiste dont les premières notes au disque sont celles des Noctuelles ne pouvait que me séduire. Mais Fabian Müller, vingt-quatre ans, allemand, passé entre les mains de Pierre-Laurent Aimard et de Tamara Stefanovitch à la Musikhochscule de Cologne, a fait bien plus, il m’a forcé à rouvrir la partition des Miroirs, merveille de calligraphie dont les paysages, les songes et les caractères s’animent soudain. Continuer la lecture de Jeunesses
Archives par mot-clé : Béla Bartók
En lumière
Que choisir dans le grand catalogue pour le piano où Bartók repoussa les limites de l’instrument en lui inventant de nouveaux mondes sonores ? Un récital Bartók est toujours périlleux Continuer la lecture de En lumière
La secrète jeunesse de Witold
Évidemment, le Concerto pour orchestre avouait déjà le fort tropisme bartokien du jeune Lutoslawski. Les œuvres pour piano rassemblées ici par le piano clair et éloquent de Corinna Simon confirment cette filiation revendiquée : les Chants de bergers de 1952, les Mélodies folkloriques de 1945, les deux Études de 1941 pourraient être du Bartók, absolument, il y a juste une consonance plus classique, quelque chose de plus droit, de plus nu que les Pièces pour les enfants de 1953 ne renient en rien.
Donc, le piano de Lutoslawski, objet de sa jeunesse, sera resté sourd aux prospectives ouvertes dans les œuvres d’orchestre, il reste si faussement naïf, comme un refuge, une sorte d’éden dont Corinna Simon brosse les paysages avec un naturel et un plaisir sans nuages.
Mais à la fin de son disque, elle révèle une merveille, la grande Sonate de 1934, partition d’un lyrisme étreignant, où un poète des timbres paraît, qui invente un vaste rêve de clavier entre l’onirisme debussyste et les traits obsessionnels de la Sonate de Berg ou de celles de Szymanowski.
La qualité intrinsèque de cette musique m’a cueilli, la beauté de son écriture, les plans successifs de ses horizons sonores rendent incroyables sa rareté au disque, son absence au concert. Corinna Simon a eu mille fois raison de la révéler en lui prêtant son toucher inventif et ses conceptions éclairantes. Espérons qu’elle fera école !
LE DISQUE DU JOUR
Witold Lutoslawski (1913-1994)
L’Œuvre intégrale pour piano
Shepherds Songs
2 Études pour piano
12 Mélodies populaires
3 Pièces pour la jeunesse
Invention
Sonate pour piano
Corinna Simon, piano
Un album du label AVI-Music 8553341
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Photo à la une : © Opakakoloela
Le chant des prés
Leoš Janáček n’est pas si éloigné que cela de Béla Bartók – la musique populaire s’est infusée dans son propre vocabulaire, mieux, les mots ont composé le flux de sa musique, évidemment dans ses opéras, mais aussi dans ses œuvres instrumentales. Les cahiers de « poésies » populaires ― sciemment, il ne les nomme pas « mélodies » ― occupent dans son œuvre une place marginale et pourtant déterminante.
Il a noté très humblement dans deux albums ― « Poésies populaires dans les chants d’Ukvalska » et « Poésies populaires moraves en chansons » ― tout un répertoire de village, refrains et contes, les harmonisant à peine et leur laissant leur caractère dialogué. J’attendais beaucoup de Martina Janková, si versé dans l’interprétation flamboyante des mélodies rurales. Elle respecte à la lettre l’esprit de simplicité des transcriptions, refuse de les sur-jouer, c’est au fond assez bien vu.
Du coup les deux recueils s’égrènent sans drame, on y reconnait quelques thèmes qui serviront à Janáček pour le catalogue de motifs dont son œuvre sera parcourue. Tomáš Král lui donne la réplique, laissant son baryton-basse au vestiaire : il chante le plus souvent dans le haut de sa voix, mots clairs, sentiments éloquents. Je referme l’album, certain que j’y reviendrai.
LE DISQUE DU JOUR
Leoš Janáček (1854-1928)
Poésies populaires d’Hukvaldy en chansons
Poésies populaires moraves en chansons
Martina Janková, soprano
Tomáš Král, baryton-basse
Ivo Kahánek, piano
Un album du label Supraphon SU4183-2
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Photo à la une : La soprano Martina Janková – Photo : © DR
Nuit du meurtre
En 1994, la Radio de Cologne captait un stupéfiant Mandarin merveilleux – ballet intégral, ce sont les musiciens qui prennent également la partie du chœur – enflammé par le Gustav Mahler Jugendorchester. Continuer la lecture de Nuit du meurtre