Tous les articles par Jean-Charles Hoffelé

Esprit de Vienne

Mozart, parti si tôt, laissa la Vienne musicale orpheline. Pourtant les salons de musique de la capitale de l’Empire continuèrent de faire résonner ce pianoforte qui enchantait le compositeur de la Zauberflöte.

Dans cette Vienne d’après Mozart, les compositeurs venus de Bohème, Dussek et Krommer par exemple, se passionnèrent pour les instruments d’Anton Walter, mais d’entre eux, le plus fécond fut Leopold Kozeluch : cinquante-cinq sonates dont on crut certaines de la main de Mozart ou de celle de Haydn, vingt-trois concertos dont Howard Shelley offre ici trois opus des années 1784-1786.

Partitions modestes, concertos de pure grâce, mais aussi de pure convention, écrits alors que Mozart délivrait sa série de chefs-d’œuvre qui allaient tellement plus loin, ouvraient sur de tout autres paysages. Ce panorama trop court, malgré l’excellence du jeu de Shelley (et sa relative neutralité hélas), ne sera donc qu’une invitation qui donnera toutes les clefs du style académique d’alors.

Si le pianiste avait étendu sa proposition aux concertos plus tardifs, le vrai visage de Kozeluch, plus pathétique, plus romantique, aurait apparu. Demain peut-être.

LE DISQUE DU JOUR

cover-kozeluch-piano-concertos-shelleyLeopold Kozeluch (1747-1818)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en fa majeur
Concerto pour piano et orchestre No. 5 en mi bémol majeur
Concerto pour piano et orchestre No. 6 en ut majeur

Howard Shelley, piano, direction
London Mozart Players

Un album du label Hypérion CDA68154
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Photo à la une : © DR

La Hallenberg

Ann Hallenberg récidive chez les castrats. Après un album dédié à Marchesi, la voici qui endosse les costumes des personnages portés à la scène par Farinelli, mieux!, les fait paraître.

Car si, de pure technique, elle dame évidemment le pion à tous les contre-ténors qui auront tenté de ressusciter la légende de ce premier belcanto, la Suédoise donne à entendre les sentiments et à faire sentir les dilemmes, portant haut les mots (elle peut compter sur l’attention de Christophe Rousset, si présent aux textes), ornant d’abord des états d’âme.

C’est évident et sublimement fait pour les deux Haendel, Ruggiero et Almirena sont devant vous, mais tout aussi vrai pour le Dario de l’Idaspe de Broschi dont les lignes éperdues et interminables sont comme infiniment portées : elle chante d’un violon, d’un hautbois, jamais le souffle ne lui manque, ni la couleur, pas plus l’expression.

Juste dans l’Alto Giove de Porpora lui fait défaut cette grâce supplémentaire que produit l’effort, le quasi sacrifice, chez ses collègues masculins : tout lui semble si aisé. La preuve avec l’aria de tempête qui ouvre l’album. Ce chant dardé, brillant, mordant et souple est un miracle, et tout cela live, of course ! Refermant ce collier de perles, je me dis qu’ensemble, ils devraient bien penser à nous offrir un album Vivaldi.

LE DISQUE DU JOUR

cover-ann-hallenberg-rousset-farinelli-aparteFarinelli
A Portrait
Live in Bergen

Œuvres de Haendel,
R. Broschi, Giacomelli,
Porpora, Hasse, Leo

Ann Hallenberg,
mezzo-soprano
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album du label Aparté AP117
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Photo à la une : © DR

Le temps des Saisons

La traduction est poétique. Tchaïkovski intitula la suite d’épigraphes lyriques qu’il composa entre décembre 1875 et novembre 1876 « Les Mois », mais c’est bien le rythme des saisons qui s’y fait entendre Continuer la lecture de Le temps des Saisons