Archives par mot-clé : Rafael Kubelik

Concerto-monde

Je me souviens encore de mon émerveillement en découvrant adolescent le coffret de deux microsillons His Master’s Voice renfermant ce qui était alors la première version discographique du Concerto pour piano de Ferrucio Busoni, œuvre insaisissable et fantasque qu’emportait avec une rage dionysiaque John Ogdon : un concerto de souffre et d’étoiles où j’entrevoyais des correspondances avec Doktor Faust. Continuer la lecture de Concerto-monde

Résurrection

On sait le legs faramineux engrangé par István Kertész pour Decca : cet ensemble si varié de disques à la fois si vivants et si parfaits porte la signature de l’art d’un jeune homme qui se noya lors d’une baignade en mer sur les côtes israéliennes Continuer la lecture de Résurrection

Résurrection révélée

Londres fut la capitale européenne du « Mahler Revival », mouvement initié par Rafael Kubelík, Sir Georg Solti et Leonard Bernstein des deux côtés de l’Atlantique. A Londres, Otto Klemperer et Jascha Horenstein avaient porté la bonne parole, héritiers quasi directs de Mahler pour ainsi dire Continuer la lecture de Résurrection révélée

Songes printaniers

Les grandes versions de la musique de scène pour A Midsummer Night’s Dream écrite par Mendelssohn à la suggestion de Fréderic-Guillaume de Prusse (il fit représenter la pièce de Shakespeare avec la musique de Mendelssohn dans son nouveau château Continuer la lecture de Songes printaniers

Sa Patrie

L’écrire est terrible, mais condamné par son cancer, Jiří Bělohlávek aura transcendé son art : ses récents Dvořák, Symphonies, Concertos, Danses slaves (parmi les plus belles depuis Kubelík), Stabat Mater le disaient assez : revenu chez lui à Prague, enfin choisi en 2012 par les musiciens de la Philharmonie tchèque, il atteignait au but de sa vie : inscrire son art dans la filiation de ceux de Václav Talich et de Karel Ančerl, rien moins. On ne pouvait le lui contester depuis dix ans, et ce n’est pas un hasard si, au terme, paraît cette version granitique de Má Vlast patiemment enregistrée Salle Smetana du 12 au 14 mai 2014.

Granitique et narrative, un conte sombre dont les épisodes épiques se rassérènent dans des paysages aux détails ouvragés dès la harpe d’aède qui ouvre Vysehrad, où des personnages paraissent saisis dans toute la violence de leur mouvement – Sarka ! –, tout un théâtre d’images où paraît le récit national.

Mais derrière ces contes formidables emplis de bruits et de fureur, une amertume glaciale s’incarne dans l’identité sonore même de la Philharmonie Tchèque, quelque chose d’irrémédiable, de funèbre qui pleure éperdument dans la clarinette de Sarka. Magnifique désespoir d’un lyrisme terrible, tenu de si près par Jiří Bělohlávek, si surveillé, si intensément sculpté qu’en refermant l’album un souvenir me saisit : cette tension, ce geste épique, ces sonorités quasi mahlériennes, où les avais-je déjà entendues incarnées ainsi dans le chef-d’œuvre de Smetana ?

Chez Václav Smetáček, qui fut toujours l’auteur de ma version favorite. Bělohlávek le rejoint, autre héros de ce panthéon.

LE DISQUE DU JOUR

Bedřich Smetana (1824-1884)
Má Vlast (Ma patrie)

Orchestre Philharmonique Tchèque
Jiří Bělohlávek, direction

Un album du label Decca 4833187
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Photo à la une : © DR