Grande voix, assurément, et qui pouvait tout chanter, Marjana Lipovšek avait cette ardeur du mot, et cet élan de la phrase qui appartenaient définitivement à ces chanteuses venues de la marge de ce qui pour elle n’était plus un Empire pourtant Continuer la lecture de Marjana
Archives par mot-clé : Sena Jurinac
Klytämnestra
Je m’amusais récemment en me remémorant les mots malheureux d’un remarquable producteur de France Musique qui pour mieux encenser Christa Ludwig bâtait froid le génie d’Elisabeth Schwarzkopf, avec l’argument qu’elle n’aurait pas eu au disque le rayonnement de son aînée. Le rayonnement peut-être, mais la carrière ! Continuer la lecture de Klytämnestra
Les deux voix
Signe des temps, les Sea Pictures que longtemps seules des contraltos puis des mezzos anglaises défendirent, auxquelles il faut ajouter Aafje Heynis – Roy Henderson lui avait montré le recueil d’Elgar – gagnent l’intérêt de leurs consœurs européennes.
Elīna Garanča sait Continuer la lecture de Les deux voix
Mozart en exil
Juin 1950, les micros d’His Master’s Voice captent quelques extrais du nouveau Così fan tutte de Fritz Busch, la guerre est passée, Glyndebourne et Mozart ont survécu Continuer la lecture de Mozart en exil
La voix du rêve
Sena Jurinac fut d’abord de fabuleux personnages d’opéra, de Chérubin à Desdemona en passant par Fordiligi ou La Maréchale même si elle restera toujours pour moi Cherubino. Si vivante en scène, avec ce chant où les mots sont toujours à fleur de lèvres, même lorsqu’elle s’adonnait au récital de lieder.
Le disque n’a guère documenté cette part de son art ; en son glorieux automne, BASF lui offrira tout un récital Brahms dont l’élan restait magnifique, Fritz Busch lui fera enregistrer très tôt les Vier letzte Lieder, version où même le soleil a des ombres, inoubliable, mais la perle absolue est ce doublé Schumann pour les micros de Westminster en juin 1954.
Le piano modeste de Franz Holetschek s’accorde au fond parfaitement à l’humilité de ce Frauenliebe und -leben qui n’est qu’une prière fervente, moins peut-être au ton visionnaire, au théâtre qu’elle convoque dans le Liederkreis Op. 39, cette Lorelei, ce Clair de lune ne s’oublient plus une fois entendus, perfection du mot dans la note, transparence de l’émotion, et cette voix du bon Dieu, si longue dans son ambre.
Retrouver tout cela, réédité avec art d’après un très bon microsillon – le tirage du disque Westminster qui ajoutait les magies du Tramonto respighien ne s’est que très fugitivement trouvé et sonnait un rien sec (bien que disponible maintenant au téléchargement) – est une aubaine. Si vous ne connaissez pas ce diamant, courrez-y !
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann (1810-1856)
Frauenliebe und -leben, Op. 42
Liederkreis, Op. 39
Sena Jurinac, soprano
Franz Holetschek, piano
Un album du label Hännssler/Profil PH17042
Acheter l’album sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : © DR