Concerts à deux

Flûte, hautbois, viole ? Non. L’original pour clavecin seul. Non, deux clavecins et l’ajout ici ou là des autres cordes pincées du théorbe, voire de la guitare baroque de Thibaut Roussel. Ce troisième musicien, Laurence Boulay et Françoise Lengellé ne l’avaient pas osé Continuer la lecture de Concerts à deux

Bohuslav

Revenu à Paris après ce qui sera (mais il ne le sait pas encore) son ultime séjour en Bohème, Bohuslav Martinů s’attela à la « Suite de danse » qu’il avait promise à Samuel Dushkin : on était en août 1938. Une année plus tard, Martinů quittait Paris dans la débâcle, trouvant refuge en en zone libre.

Entre temps la « Suite de danses », commencée par une Toccata assez jazzy, très dans la verve des musiciens de l’École de Paris (tous des immigrés d’Europe centrale) sera devenue cette Suite concertante que le compositeur finira par orchestrer en 1941, ayant perdu tout espoir de revoir jamais sa Bohème. Une nostalgie prégnante s’est installée dans la grand déploiement de l’Andante, mais la suractivité rythmique des années parisiennes endiable un Scherzo un brin méphistophélique, et fait flamboyer un Final virtuose qui siérait à merveille pour un grand concerto : écriture échevelée, orchestre solaire, que Frank Peter Zimmermann, Jakub Hrůša et ses Bamberger magnifient, ajout majeur à leur album des deux Concertos.

Si demain Frank Peter Zimmermann, s’adjoignant Martin Helmchen, allait regarder du côté du Concerto pour violon et piano (H. 342), il pourrait poursuivre sa saga Martinů qui est l’atout majeur de ce nouvel album.

Son impeccable lecture du Concerto de Stravinski (une redite, il l’avait enregistré jeune homme avec Gianluigi Gelmetti), ses Rhapsodies de Bartók si tenues, plus pensées que jouées, se font voler la vedette par cette Méditation que Martinů composa en 1945 et qui devait prendre place dans la version définitive de la Suite : un requiem de six minutes.

LE DISQUE DU JOUR

Igor Stravinski (1882-1971)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur,
K053

Béla Bartók (1881-1945)
Rhapsodie pour violon No. 1, Sz. 87, BB 94 (version orchestrale)
Rhapsodie pour violon No. 2, Sz. 90, BB 96 (version orchestrale)
Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Suite concertante en ré majeur, H. 276a

Frank Peter Zimmermann, violon
Bamberger Symphoniker
Jakub Hrůša, direction

Un album du label BIS Records 2657
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Photo à la une : le violoniste Frank Peter Zimmermann –
Photo : © Irène Zandel

L’exilé

En 1933, des membres zélés de la jeunesse hitlérienne firent irruption dans l’Opéra de Cologne, subtilisant à William Steinberg sa baguette alors qu’il dirigeait la création de Der Fächer d’Ernst Toch. Trois ans plus tard Continuer la lecture de L’exilé