Archives par mot-clé : Decca

Deuxième Livre

Le voyage continu. Après un Premier Livre très en lumière, Pietro de Maria nous redit son Clavier bien tempéré si évident, le menant à son terme. Simple, simplissime, fluide et pourtant plein d’interrogations (écoutez les sinuosités du Prélude BWV 882, la polyphonie qui s’y déploie, naturelle, organique et pourtant inquiète). Continuer la lecture de Deuxième Livre

De l’art de bien rééditer, Vol. 24 : L’Homme-Violoncelle

Oui je sais, je ne devrais pas le faire, mais tant pis. Magdalena Huebner et Philippe Pauly me demandèrent si je voulais bien écrire un texte sur l’art de Maurice Gendron, que j’avais croisé quelques fois dans mes années de jeune-homme. A quelle occasion ? Pour illustrer la publication d’un coffret regroupant tous ses enregistrements pour Decca, Philips et EMI. Continuer la lecture de De l’art de bien rééditer, Vol. 24 : L’Homme-Violoncelle

Nelsova retrouvée

Voici déjà dix ans, Decca regroupait en un coffret toutes les gravures que Zara Nelsova avait enregistrées pour le label britannique. Le bonheur de retrouver son violoncelle éloquent, ses phrasés si assumés, la diversité de ses registres, me rappelait à quel point Continuer la lecture de Nelsova retrouvée

Les enfants dans la maison

Pour L’Enfant et les sortilèges, ma religion est faite depuis belle lurette : Ansermet, Ansermet, Ansermet, même s’il m’arrive de donner de l’oreille chez Ernest Bour, Armin Jordan ou Lorin Maazel. Pourtant, dès qu’une nouvelle version pointe le bout de son nez, je ne résiste pas, espérant un nouveau miracle. La seule promesse d’un Enfant selon Seiji Ozawa me faisait rêver. N’avait-il pas signé à Boston une des plus accomplies intégrales de l’œuvre d’orchestre ?

Mais non, enregistré à la diable lors d’une représentation au Japon, sa lecture précautionneuse et assez sèche passe à coté de l’émotion et de la fantaisie, malgré quelques chanteurs formidables (Yvonne Naef, Paul Gay, Jean-Paul Fouchécourt). Le disque vaut surtout par ses bonus, déjà publiés d’ailleurs, une Shéhérazade enfin parée de l’étoffe des songes selon Susan Graham et une Alborada del gracioso plus élégante que mordante.

Un mois plus tard, nouvel Enfant, cette fois dans le cadre de l’intégrale Ravel entreprise à Lyon par le nouveau chef de l’Orchestre National de la Capitale des Gaules, Leonard Slatkin, qui jusque-là ne m’avait guère enthousiasmé. Oui mais voilà, soudain, tout change.

Même si Slatkin n’a pas la poésie brillante d’Ansermet, ni son style si évident, il trouve le ton de l’œuvre, emporté par une distribution faramineuse qui aligne Annick Massis, Delphine Galou, Marc Barrard, Julie Pasturaud, Ingrid Perruche, Nicolas Courjal et Jean-Paul Fouchécourt, excusez du peu !

Pour toute la première partie de l’œuvre où la maison s’anime, un ton de fantasmagorie s’invite – on passe du banal, piqué quand même par la mère très « bourge » de Delphine Galou au délire conduit par Julie Pasturaud en Chaise Louis XV complètement piquée ! Marc Barrard en Horloge suffocante, le duo ThéièreTasse détaillé avec un art du burlesque savoureux, Jean-Paul Fouchécourt lançant ses calculs diaboliques bien plus percutant qu’avec Ozawa et rappelant le brio qu’y mettait Hugues Cuénod, le Feu vif et la Princesse tendre d’Annick Massis avec une flûte magique, c’est merveille.

Le Jardin est moins extraordinaire, souffrant de montages et de césures trop audibles, Slatkin n’y mettant pas la touche nocturne et fantasque, la fantaisie étrange qu’y suscitait Ansermet – seul Armin Jordan la retrouva en partie – mais là encore, l’équipe de chant fait merveille : Dieu, comme L’Arbre de Nicolas Courjal est étreignant, nous renvoyant aux horreurs de la Première Guerre Mondiale qui éprouvèrent tant Ravel.

Et L’Enfant ? Hélène Hébrard fait aussi bien qu’elle peut, mais n’est pas Flore Wend, et pourquoi enfin ne pas avoir tenté un véritable garçon en prenant un alto dans la Maîtrise de l’Opéra National de Lyon dont les jeunes gosiers sont si percutants ici ? La question reste ouverte.

En complément, une assez morne lecture de Ma mère l’Oye dans sa version intégrale, enregistrée deux années auparavant, montre à quel point l’orchestre et le chef se sont depuis mieux compris, de quoi guetter les prochaines parutions de cette série avec intérêt, d’autant que François Dumont sera le héros des Concertos et que L’Heure espagnole affichera un quatuor renversant : Isabelle Druet, Frédéric Antoun, Nicolas Courjal, Luca Lombardo !

LE DISQUE DU JOUR

cover ozawa ravel enfantMaurice Ravel (1875-1937)
L’Enfant et les sortilèges
Shéhérazade*
Alborada del gracioso (version orchestrale)

Isabel Leonard, mezzo-soprano (L’Enfant)
Yvonne Naef, mezzo-soprano (Maman, La Libellule, La Tasse chinoise)
Paul Gay, baryton-basse (Le Fauteuil, un Arbre)
Anna Christy, soprano (Le Feu, la Princesse, le Rossignol)
Marie Lenormand, mezzo-soprano (La Chatte, l’Ecureuil)
Elliot Madore, baryton (L’Horloge comtoise, le Chat)
Jean-Paul Fouchécourt, ténor (La Théière, le Petit Vieillard, la Rainette)
Kanae Fujitani, soprano (La Bergère, La Chauve-souris)
*Susan Graham, mezzo-soprano
Saito Kinen Orchestra
Seiji Ozawa, direction
Un album du label Decca 4786760
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660268-69 bk Strauss EUMaurice Ravel (1875-1937)
L’Enfant et les sortilèges
Ma Mère l’Oye (Ballet intégral)

Hélène Hébrard, soprano (L’Enfant)
Delphine Galou, contralto (Maman, La Libellule, La Tasse chinoise)
Julie Pasturaud, mezzo-soprano (La Bergère, la Chatte, l’Ecureuil, un Pâtre)
Jean-Paul Fouchécourt, tenor (La Théière, le Petit Vieillard, la Rainette)
Marc Barrard, baryton (L’Horloge comtoise, le Chat)
Nicolas Courjal, basse (Le Fauteuil, un Arbre)
Ingrid Perruche, soprano (La Chauve-souris, la Chouette, une Pastourelle)
Annick Massis, soprano (Le Feu, la Princesse, le Rossignol)

Chœur Britten
Jeune Chœur symphonique
Maîtrise de l’Opéra National de Lyon
Orchestre National de Lyon
Leonard Slatkin, direction
Un album du label Naxos 8.660336
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Photo à la une : (c) DR