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Résurrection

On sait le legs faramineux engrangé par István Kertész pour Decca : cet ensemble si varié de disques à la fois si vivants et si parfaits porte la signature de l’art d’un jeune homme qui se noya lors d’une baignade en mer sur les côtes israéliennes Continuer la lecture de Résurrection

Esprit français

Dans cet immédiat après-guerre où la gravure directe sur 78 tours régnait encore, Ernest Ansermet céda à la proposition de Decca : graver avec l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire les œuvres de Claude Debussy et de Maurice Ravel. Le projet fit long feu et se déporta de Paris à Genève, la saga des albums de l’Orchestre de la Suisse Romande et de son « patron » pouvait commencer. Continuer la lecture de Esprit français

Faust perdu et retrouvé

À l’été 1958, Decca enregistrait à la Santa Cecilia de Rome le Mefistofele de Boito, capturant la Margherita de Renata Tebaldi à son absolu sommet vocal et le Diable de Cesare Siepi, modèle de style, voix svelte et musclée, timbre mordant. Et Faust ? L’intégrale, menée très artistement par Tullio Serafin, autant poète que dramaturge, paru avec Mario del Monaco, dont le débraillé, même surveillé par le maestro, faisait un sacré bémol.

Cette faute cachait un mystère dont tout Rome jasait : le Faust que voulait Tullio Serafin était Giuseppe di Stefano, artiste d’une maison adverse à laquelle il n’était pourtant pas lié pieds et poings. D’ailleurs, Serafin l’avait eu pour ce Faust. Il aura fallu attendre 1973 pour qu’enfin, Decca édite sur un microsillon devenu vite rare, tout le rôle de Faust avec le ténor de la Callas sans qu’on sache jamais pourquoi Mario del Monaco l’y aura supplanté.

Et c’est merveille de le retrouver ici, jeune homme ardent qui soigne le style et séduit sa RenataMargherita avec un tout autre charme que le bellâtre Del Monaco. Si bien que l’album réentendu, je me dis que ces grands extraits sont peut-être le moment discographique où le chef-d’œuvre de Boito aura été approché au plus près. Ce Faust juvénile et ardent, poète et élégant, n’aura eu qu’un descendant : celui de Carlo Bergonzi. Ecoutez seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Arrigo Boito (1842-1918)
Mefistofele – Grandes scènes

Cesare Siepi, basse (Mefistofele)
Giuseppe di Stefano, ténor (Faust)
Renata Tebaldi, soprano (Margherita)
Lucia Danieli, mezzo-soprano (Marta)
Piero de Palma, ténor (Wagner)
Orchestra e Coro dell’Academia di Santa Cecilia, Roma
Tullio Serafin, direction

Un album du label Decca 4824757 (Collection « Eloquence Australia »)
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Photo à la une : © DR

Valse mortelle

Il y a un tropisme français chez Eduard van Beinum, ses Debussy, ses Berlioz, ses Ravel dévoilent une poétique orchestrale qui aura modifié la nature sonore du Concertgebouw telle qu’il l’avait héritée de Willem Mengelberg.

Ce mélange détonant d’élégance et de cruauté éclate dans une Valse vampirique, d’une suavité vénéneuse, étrange course à l’abîme dont les envoûtements fascinent : cet orchestre si mobile, qui mord à la vitesse d’un aspic, sait être d’une seconde à l’autre sec puis voluptueux ; c’est celui de Ravel-même, ce qu’illustre au même degré de perfection une Rapsodie espagnole moite, inquiétante, pleine de rumeurs et d’ombres dont les gitaneries n’auront jamais été aussi cante jondo. Mais le Boléro lui-même, somptueusement étouffant, participe de la même saturation de l’espace.

Ce triplé Ravel est faramineux, après lui (ou avant dans l’ordre du disque), les Franck distillent une toute autre lumière. Psyché rêvé, très tendrement composé dans les soieries d’un orchestre décidément faramineux, est cent coudées au-dessus de ce que tous les orchestre français pouvaient alors y faire et les Variations symphoniques, où le jeune Géza Anda dissipe le brouillard en phrasant tout, sont un modèle de style prenant le contrepied de l’estampe incarnée par Walter Gieseking et Landon Ronald, autre version majeure du 78 tours. Mais c’est à ce Ravel parfaitement délétère que vous irez d’abord.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Rapsodie espagnole, M. 54
La Valse, M. 72
Boléro, M. 81
César Franck (1822-1890)
Psyché, FWV 47
Variations symphoniques pour piano et orchestre, FWV 46

Géza Anda, piano
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Eduard van Beinum, direction

Un album du label Decca 4825491 (Collection « Eloquence Australia »)
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Photo à la une : © DR