Chambre d’orchestre

Le vaste Trio qu’Albéric Magnard acheva en 1905 est une symphonie déguisée. Geneviève Laurenceau, Maximilian Hornung et Oliver Triendl l’ont bien compris, qui le jouent avec une puissance toute orchestrale, et lui donnent un élan, pour la tempête du premier mouvement ou les danses populaires du Finale, que l’œuvre attendait. Continuer la lecture de Chambre d’orchestre

Deux Russes à Londres

Londres, début des années cinquante. Walter Legge confie son Philharmonia Orchestra à deux chefs russes qui se vouaient une profonde estime mutuelle : Nikolai Malko et Issay Dobrowen, purs produits de l’école de direction impériale. Continuer la lecture de Deux Russes à Londres

Au secret

Les deux opus de Janáček sont devenus au fil de l’enregistrement digital un point de passage obligé pour tous les quatuors : la complexité du discours, la profusion des arrière-plans, l’étrangeté même de l’écriture, tout les inscrit au sommet des quatuors du XXe siècle et leur rayonnement s’est étendu bien au-delà de la tradition des formations tchèques. Continuer la lecture de Au secret

Rameau et la Paix de Fontenoy

Le somptueux livre-disque qui enchâsse cette nouvelle version du Temple de la Gloire – la deuxième en fait, seul Jean-Claude Magloire l’avait précédé en 1981, coupant abondamment – s’ouvre sur le fameux portrait de Voltaire brossé par Quentin de La Tour : ce roué d’Arouet vous affiche un petit sourire en coin qui a l’air de dire : « J’ai bien profité de Rameau ».

Et en effet, ce Temple de la Gloire qu’il brossa nonchalamment malgré les piques et les humeurs du dijonnais, lui permit de paraître à Versailles, lui qui voulut vainement briller à la Cour, celle de Louis XV, et même plus tard du jeune Louis XVI, rêve qui le fit revenir de se retraite de Ferney et mourir à Paris.

Bon, laissons là les bisbilles entre le librettiste et son musicien, d’autant qu’emporté par la battue vive de Guy van Waas, ce Temple, pour divertissement qu’il soit et sans jamais avoir même la tentation de prétendre aux inventions d’Hippolyte et Aricie qui avaient fort agacé Voltaire, est du très beau Rameau, habile, brillant, jouant des codes et osant un orchestre merveilleux et des effets stupéfiants que ce soient les musiques guerrières du PrologueDiderot cite dans son Neveu de Rameau la scène initiale, preuve que l’œuvre laissa des traces parmi les contemporains – aux abondantes musettes de la Première Entrée en passant par les danses des faunes de Bacchus. Quel plaisir, quel entrain, quel brio si bien dorés par le geste chorégraphique qu’y met la troupe assemblée ici : car c’est bien la danse qui déborde tout ici, impérieuse, solaire, emportée par une équipe de chant ardente où brillent particulièrement Judith van Wanroij et Alain Buet.

Glossa n’a pas mis les mêmes moyens pour publier le premier enregistrement du ballet héroïque Les Fêtes de Polymnie, elles aussi écrites pour célébrer la bataille de Fontenoy emportée par une contre-attaque décisive du Duc de Richelieu. Ses chœurs aussi abondants que somptueux marquèrent le public du temps.

Cette fois, la résurrection vient de Budapest, menée avec éclat mais non sans lourdeur par György Vashegyi qui y conduit des chœurs nombreux et vaillants. La musique martiale n’a pas non plus les charmes et la variété du Temple de la Gloire et la distribution affiche une merveille, Véronique Gens Stratonice et Oriade de grande venue, et une désillusion, Mathias Vidal dans un jour de naufrage qui étrangle ses aigus. Quel dommage ! Et si Guy van Waas s’attelait là aussi à faire renaître ce Rameau qu’on a un peu vite déclaré mineur ?

LE DISQUE DU JOUR

cover waas rameau temple ricercarJean-Philippe Rameau (1683-1764)
Le Temple de la Gloire

Judith van Wanroij, soprano (Lydie, Plautine)
Katia Velletaz, soprano
(Une Bergère, une Bacchante, Junie)
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Arsine, Érigone,
la Gloire)

Mathias Vidal, ténor (Apollon, Bacchus, Trajan)
Alain Buet , basse (L’Envie, Bélus, le Grand Prêtre de la Gloire)

Les Agrémens
Orchestre de Chambre de Namur
Guy van Waas, direction
Un livre-disque (2 CDs) du label Ricercar RIC363
Acheter l’album sur le site du label Ricercar ou sur Amazon.fr – Télécharger l’album en haute-définition sur Qobuz.com

cover rameau polymnie glossaJean-Philippe Rameau
Les Fêtes de Polymnie
(Ballet héroïque, Paris, 1745)

Aurélia Legay, dessus (Mnémosyne, Hébé, Argélie)
Emőke Baráth, dessus (Polymnie, une Suivante d’Hébé, une Syrienne)
Márta Stefanik, dessus
(La Victoire)
Véronique Gens, bas-dessus (Stratonice, Oriade)
Mathias Vidal, haute-contre (Le Chef des Arts, Alcide, Antiochus)
Thomas Doliè, basse-taille (Jupiter, Séleucus, Zimès)
Domonkos Blazsó, basse-taille (Le Destin)

Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Un album de 2 CD du label Glossa GCD 923502
Acheter l’album sur le site du label Glossa ou sur Amazon.fr – Télécharger l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © DR

Harmonies solaires

Une rayonnante intégrale des Années de Pèlerinage me faisait espérer retrouver Michael Korstick chez Liszt. Souhait exaucé. Cette fois, ce sont les Harmonies poétiques et religieuses, transcription par Liszt de ses émotions à la lecture du recueil des poèmes de Lamartine. Continuer la lecture de Harmonies solaires